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Bienvenue sur ce blog !
 
Vous allez pouvoir plonger dans le monde des Lettres. Comme il n'est pas de littérature, quels que soient le pays et l'époque, hors du temps, vous pourrez aussi trouver des points de repères dans différents domaines : histoire, peinture, sculpture, musique, architecture, et tant d'autres encore…
 
Une place accordée aux nouveautés de tous pays ne fera pas oublier les textes plus anciens, voire très anciens. Vous pourrez découvrir ou redécouvrir non seulement les textes de l'Antiquité mais aussi ceux du Moyen Age. Les époques suivantes ne sont pas laissées de côté. Au milieu des textes devenus des classiques –comme le veut la formule- vous ferez peut-être d'heureuses découvertes… Vous voyagerez, je l'espère, ici et là dans des univers auxquels vous n'aviez pas encore songé…
 
Vous trouverez aussi des informations sur la langue française. Il ne s'agit pas d'un travail universitaire, mais simplement d'éléments qui permettent de rendre compte des différents états d'une langue.
 
Si vous avez envie de poursuivre, alors venez papillonner et j'espère que vous trouverez votre bonheur et que l'envie de lire sera au rendez-vous !
 
Je vous invite à partager tout cela !

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 10:07

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La rencontre entre la reine et le président de la République avait été décevante. Ce dernier ne savait rien au sujet de Jean Genet. Le ministre des Affaires étrangères n'avait guère été plus brillant. Mais le président avait évoqué, assez longuement, Proust, si bien que, pendant les vacances d'été à Balmoral, la reine emporta À la Recherche du temps perdu et "la biographie de Proust par George Painter."

 

Bien que l'été fusse "infect, aussi froid et pluvieux," il fut agréable à la reine grâce à la lecture de Proust.

Durant l'été, comme l'étiquette l'exigeait, la reine reçut le Premier ministre et son épouse dans la résidence royale. Au lieu de promenades dans la lande, comme il l'espérait, le Premier ministre n'eut que des têtes à têtes avec son épouse, la reine se retirant pour lire.

 

Au bout de quatre jours, le Premier ministre trouva un prétexte afin de quitter les lieux. De retour à Londres, le Premier ministre demanda "à son conseiller particulier d'aller trouver sir Kevin. Ce dernier se montra compatissant, tout en soulignant que pour l'instant Norman était un fardeau qu'ils se voyaient tous contraints de supporter." Ces propos ne suffirent pas au conseiller du Premier ministre. Sir Kevin comprit rapidement ce que le conseiller du Premier ministre exigeait : Norman devait quitter le poste qu'il occupait auprès de la reine.

 

Lorsque la reine effectua son voyage au Canada, Norman ne l'accompagna pas mais prépara une caisse de livres. Lors de ses longs trajets en train au Canada, elle pourrait donc lire. Mais sir Kevin expédia volontairement la caisse de livres dans une mauvaise direction. Ce fait irrita la reine qui ne put s'adonner à sa passion.

 

Cependant le voyage offrit l'occasion à la reine de rencontrer la romancière Alice Munro au cours d'une réception. La romancière envoya quelques-uns de ses romans à la souveraine. Puis "une carte postale fut immédiatement expédiée à Norman, pour lui demander de se procurer à la bibliothèque les deux ou trois titres actuellement épuisés." Mais Norman n'était plus là et la reine l'ignorait.

 

Avant qu'il ne parte en vacances dans sa famille, Norman "fut convoqué dans le bureau de sir Kevin." Ce dernier avait la tâche de le virer puisque le conseiller du Premier ministre l'avait exigé. Sir Kevin, qui détestait aussi le conseiller du Premier ministre, trouva une solution habile : la reine voulait que le jeune homme suive des cours à l'université d'East Anglia. Mais Norman comprit très bien qu'il n'avait pas le choix.

 

La reine constata le départ de Norman dès son retour du Canada.

 

Norman écrivit à la reine. Quand il reçut sa réponse, Norman comprit "qu'il avait été définitivement écarté" sans savoir qui l'avait décidé. Par contre la reine comprit rapidement qui avait été à l'origine du départ de Norman, mais cela ne la poussa pas à arrêter ses lectures.

 

La reine, avant le départ de Norman, "s'était demandé si elle ne l'avait pas dépassé… du moins en ce qui concernait la lecture." D'ailleurs, elle lisait ce dont elle avait envie ne se laissant plus toujours conseiller par Norman, dont elle avait perçu les préférences pour les auteurs gays, "d'où la découverte de Genet."

 

Comme elle ne pouvait plus s'entretenir avec Norman, la reine "s'entretenait désormais davantage avec elle-même et notait de plus en plus souvent ses réflexions. Son nombre de carnets augmenta donc rapidement. Le rythme de ses lectures perdura. Non seulement elle commandait des livres dans les librairies mais aussi elle lisait les ouvrages qui se trouvaient dans ses propres bibliothèques.

 

"La vie de la famille royale poursuivait parallèlement son cours bien rodé." Il en allait de même pour les déplacements. La reine lisait durant ses trajets. Toutefois, les officiers du palais avaient de plus en plus de mal à maintenir le "bon déroulement de la représentation," car la reine "ne se livrait plus à ces petits apartés soi-disant spontanés dont elle était coutumière." L'un de ses officiers lui déclara un jour qu'elle avait été moins spontanée, ce qui ne heurta pas du tout la reine.

 

L'attitude de la souveraine engendra de nombreuses questions parmi les officiers du palais, l'un pensait que la reine avait la maladie d'Alzheimer car il avait aperçu la reine plusieurs fois en train de prendre des notes, un autre estimait que son indifférence augmentait "pour tout ce qui relevait des apparences," ce qui ne pouvait que conduire au pire.

 

La reine était, de toute façon, en bonne santé, mais était moins attentive à ce qu'elle pouvait avoir porté dans la journée. D'ailleurs, "l'attitude de ses domestiques commença à se relâcher. Il leur arrivait maintenant d'afficher une désinvolture que la reine n'aurait jamais tolérée jadis."

 

Jusqu'où jour où son habilleuse osa dire que la reine ne semblait plus se soucier de son apparence vestimentaire. La réponse de la reine inquiéta l'habilleuse qui estima que la souveraine était malade.

 

Alors qu'il ne la rencontrait qu'une fois par semaine, le Premier ministre ne remarqua pas l'absence du "renouvellement de ses tenues ou de ses boucles d'oreilles."

Tous deux commencèrent, pour des raisons différentes, à trouver leurs rencontres ennuyeuses, chacun abordant le même sujet de façon très différente. Finalement, le conseiller particulier du ministre appela sir Kevin. Le conseiller se montra très vif : les livres prêtés par la reine contrariaient le Premier ministre. C'est pourquoi, sir Kevin était changé de trouver une solution. Sir Kevin ne rapporta pas ses propos à la reine et se contenta de rendre visite à sir Claude.

 

Cet homme, âgé de 90 ans, résidait à Hampton Court. Il était entré au service de la famille royale, alors qu'il avait dix-huit ans. Il connaissait donc bien les membres de la famille royale, même s'il était retiré des affaires depuis longtemps, il était fréquemment consulté.

 

Sir Kevin expliqua la situation à sir Claude. D'abord, ce dernier ne sut que répondre, puis il proposa de se rendre auprès de la reine.

 

Sir Kevin annonça donc à la reine que sir Claude désirait la voir. Elle le reçut donc. La reine observa cet homme tandis qu'il réfléchissait à la façon d'amener le sujet. Il parla alors de ses lectures, mais cette conversation ne menait à rien. Le silence s'installa, ce qui permit à sir Claude de s'endormir. La reine ne dit rien puis finit par laisser échapper son petit carnet. La reine changea de sujet et demanda à sir Claude où il en était dans la rédaction de ses mémoires. Sir Claude, afin d'éviter d'autres questions, demanda à la reine si elle n'avait jamais songé à écrire. Elle mentit puis elle décida de mettre fin à cette conversation.

 

Dès que sir Claude fut parti, la reine se rendit au jardin mais revint bien vite dans son bureau, car elle avait oublié son carnet que l'officier du palais venait de ramasser.

 

Les propos de sir Claude n'eurent que peu d'effet, même si la reine y songea lors du concert auquel elle assista le soir même après cet entretien.

 

De retour au palais, après le concert, elle ne trouva point le sommeil. Elle lut l'histoire des Brontë qui ne l'apaisa pas. Elle chercha un autre ouvrage et prit l'ouvrage d'Ivy Compton Burnett qu'elle avait reçu de M. Hutchings, l'homme du bibliobus.

Alors que quelques mois plus tôt, elle avait trouvé ce roman soporifique, elle apprécia de le relire et se dit que "la lecture fonctionnait comme un muscle qu'elle avait fini par exercer." Elle finit par éteindre sa lampe puis réfléchit à la finalité de la lecture et de l'écriture. Elle réalisa que "lire n'était pas agir, c'était depuis toujours le problème."

 

Les semaines suivantes, la reine ne lut presque plus. Toutefois, elle restait pensive et passait de longues heures à son bureau. Elle complétait ses carnets avec de nouveaux commentaires, tout en sachant qu'écrire serait aussi mal perçu que lire. Pourtant quelques-uns l'encouragèrent dans cette voie.

 

Dans les bibliothèques, la reine consulta les archives relatives aux nombreuses visites qu'elle avait faites, cherchant "simplement à [se] souvenir de quoi tout cela pouvait bien avoir l'air."

 

"Comme l'ensemble du palais royal, sir Kevin" était heureux de constater que la reine avait renoncé à "son engouement pour les livres." De fait presque tout était revenu à la normale.

 

La reine effectua une visite à Norwich. Alors qu'elle était assise "entre le recteur et le professeur en charge des ateliers d'écriture", la reine retrouva Norman qui servait le repas, ce qui peina quelque peu la souveraine.

Elle apprit cependant que Norman venait "d'obtenir son diplôme."

 

Durant le repas, Norma évita de croiser le regard de la reine, attitude que la souveraine ne parvenait pas à analyser.

La reine questionna le professeur au sujet de l'écriture mais n'obtint pas de réponse. Elle comprit alors que "l'écriture, comme la lecture, était un art qu'elle allait devoir apprendre seule." C'est pourquoi, Norman fut convoqué après le repas.

 

La reine s'entretint une demi-heure avec lui. Norman expliqua ce qui l'avait conduit à East Anglia.

La souveraine songea que Norman pourrait l'aider puisqu'il savait écrire. Elle congédia aussi sir Kevin car "Sa Majesté n'aimait guère que l'on fasse des choses dans son dos. Et même si le vrai coupable était le conseiller particulier du Premier ministre, ce fut sir Kevin qui porta le chapeau." Ce dernier retourna en Nouvelle Zélande.

 

Les quatre-vingts ans de la reine furent célébrés. À cette occasion, la reine convia "tous ceux qui avaient eu le privilège de la conseiller au fil des décennies" à un thé. L'assemblée fut nombreuse et tout se déroula bien. La reine s'adressa à ses invités. Son discours avait pour finalité d'annoncer qu'après avoir lu, il lui fallait passer à l'écriture, mais pas n'importe quelle écriture… : analyse et réflexion seraient la base de l'écriture.

 

Le champagne fut servi. Parmi ceux qui le servaient, se trouvait Norman, ce qui ôta l'envie de boire au Premier ministre !

Un coup de téléphone donné à l'attorney général rassura le Premier ministre.

 

La reine poursuivit son propos. Le livre qu'elle envisageait d'écrire devait aussi "parler des livres." Le Premier ministre objecta toutefois qu'aucun monarque n'avait publié de livre. La reine répondit que quelques-uns de ses ancêtres avaient écrit des livres notamment son oncle le duc de Windsor. Le Premier ministre rétorqua que l'oncle de la reine "avait composé cet ouvrage après être redevenu duc de Windsor. Jamais il n'aurait pu l'écrire s'il n'avait pas abdiqué." Ce à quoi la reine répondit "Mais pourquoi croyez-vous que nous sommes tous réunis ce soir ?"

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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 10:28

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L'humour britannique fait toujours plaisir… Ce roman, assez court, est et ne peut qu'être britannique…. Paru en 2007 au Royaume Uni sous le titre The Uncommon Reader, ce roman met en scène la reine d'Angleterre devenue lectrice. Vous aurez le sourire en la lisant…

 

 

À Windsor avait lieu un banquet d'apparat auquel le président de la République française participait. La reine, qui se trouvait à ses côtés, l'interrogea discrètement au sujet de l'écrivain Jean Genet. Elle désirait savoir s'il avait été "un mauvais garçon." Le président, connaissant peu de chose au sujet de cet écrivain, chercha le ministre de la culture, mais il était occupé "avec l'archevêque de Canterbury."

 

Ce qui venait d'arriver était dû aux chiens de Sa Majesté. Alors qu'à l'ordinaire, lors de leurs promenades, les chiens revenaient toujours sur les "marches du perron." Ils avaient, ce jour-là, disparu "à l'angle du bâtiment." En suivant les chiens, la reine arriva près du "bibliobus de la commune de Westminster." Comme les chiens continuaient d'aboyer, la reine entra dans le bibliobus" afin de s'excuser pour ce vacarme."

 

Le chauffeur vaquait à ses occupations et un jeune homme lisait. Tous deux furent si surpris de voir la reine qu'ils eurent des gestes maladroits.

Après avoir tenté de calmer ses chiens qui se trouvaient à l'extérieur, la reine poursuivit la conversation avec les deux hommes.

Le chauffeur, qui était aussi le bibliothécaire, se présenta. Il se nommait M. Hutchings et venait chaque mercredi. Le lecteur, Norman Seakins, qui travaillait en cuisine, venait souvent ici.

 

La reine proposa d'emprunter un ouvrage et demanda conseil. Le bibliothécaire interrogea la reine sur ses goûts. Elle hésita et tenta de gagner du temps en posant quelques questions. Finalement, elle aperçut sur une étagère un ouvrage d'Ivy Compton-Burnett qu'elle prit. Cette romancière, anoblie par la reine, n'était plus populaire lui révéla M. Hutchings. La reine dit au revoir, puis quitta les lieux pour retrouver son palais.

 

Sachant que la lecture du roman d'Ivy Compton-Burnett "demandait un certain temps", M. Hutchings estima que la reine avait pris ce livre par politesse. Une telle lectrice permettrait de maintenir l'usage menacé du bibliobus.

 

De retour chez elle, la reine annonça à son époux qu'un bibliobus venait au palais chaque mercredi. Après avoir échangé quelques mots, le duc alla se coucher tandis que son épouse ouvrait son livre.

 

La semaine suivante, la reine parvint à se défaire de son secrétaire particulier pour se rendre au bibliobus. "Cette deuxième visite s'avéra plus calme." La reine retrouva Norman Seakins et M. Hutchings. Il fut question de la lecture de la reine et de Nancy Mitford, romancière dont la sœur avait épousé Mosley, le fondateur du parti néo-nazi anglais.

En fait, "le choix de La Poursuite de l'amour se révéla particulièrement judicieux et à sa manière décisif."

 

La lecture de ce roman l'absorba à un tel point que le lendemain, elle prétendit être enrhumée pour poursuivre sa lecture. Stratagème qu'elle utilisera plusieurs fois et "dont certains devaient avoir de lourdes conséquences."

 

Le jour d'après, la reine devait avoir un entretien avec son secrétaire particulier au sujet des ressources humaines. La reine promut le jeune Norman Seakins à son étage.

La première chose que le jeune homme eut à faire, fut de rapporter, le mercredi suivant, le livre au bibliobus, la reine devant être à Nuneaton. Norman Seakins devait, entre autres, "choisir à son attention tout autre volume susceptible de l'intéresser." M. Hutchings rappela à Norman Seakins que la reine aimait les chiens, le jeune homme choisit "le roman de J.R. Ackerley, Mon chien Tulipe, alors qu'il s'agissait d'un livre gay.

 

Norman, qui déposa les ouvrages dans les appartements de la reine, fut aperçu par le duc. Ce jour même, la reine évoqua avec le jeune homme, le livre qu'il avait choisi. La reine lut d'abord le deuxième volume de Nancy Mitford, L'Amour dans un climat froid qu'elle avait demandé puis commença Mon chien Tulipe. Quand elle l'eut terminé, "elle envoya Norman […] emprunter à la bibliothèque royale de Londres" l'autobiographie rédigée par J.R. Ackerley." Norman fut tellement enthousiasmé par le lieu que la reine décida de l'accompagner la fois suivante.

 

La reine apprit, lors de la lecture de cet ouvrage, que J.R. Ackerley était homosexuel et qu'il avait travaillé à la B.B.C.

Chaque lecture entraînait la reine vers une autre et ouvrait la porte des souvenirs : celle des écrivains que Sa Majesté avait rencontrés. Elle estimait que des opportunités avaient existé mais n'avaient pas été saisies.

 

La reine lisait de plus en plus. Norman avait d'ailleurs un lien particulier avec la souveraine qui avait choisi de le surnommé son "tabellion particulier", statut qui déplaisait aux autres pages.

 

La reine ne se contentait plus du bibliobus. Elle prenait aussi des ouvrages dans différentes bibliothèques dont la sienne.

 

Deux mercredis de suite, le bibliobus ne vint pas. Norman fut chargé d'en découvrir la raison. M. Hutchings lui expliqua que les responsables des bibliobus itinérants n'avait sans doute pas cru que la reine venait dans ce bibliobus.

 

Lorsque Norman rapporta ces propos à la reine, cette dernière ne fut pas surprise. En plus, la reine réalisa que son goût pour la lecture était mal perçu.

Certes, M. Hutchings ne venait plus avec son bibliobus, mais il fut inscrit sur le tableau d'honneur royal ce qui ne parvint qu'à déplaire à Kevin Scatchard, le secrétaire néo-zélandais de la reine, sensé incarné le renouveau.

 

Selon ce secrétaire, la lecture n'était qu'un passe-temps, alors que pour la reine, "les livres [étaient] tout sauf un passe-temps. Ils [étaient] pour vous parler d'autres vies, d'autres mondes." Néanmoins, cela poussa la reine à s'interroger sur son goût soudain pour la lecture alors qu'elle avait pu voir lors de ses nombreux voyages, ce dont il était question dans la plupart des ouvrages. La reine trouva un sens à ses lectures : "Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s'ils étaient lus. Tout le monde était égal devant eux, y compris elle."

 

Chaque automne, la reine devait se rendre à l'ouverture annuelle des sessions du Parlement, chose qu'elle aimait faire. Parce qu'elle avait oublié l'ouvrage qu'elle lisait et que lui apporta fort discrètement Norman, la reine arriva quelques minutes en retard.

"Arrivée à Westminster, en prévision du retour, elle glissa l'objet du délit sous un coussin, à l'intérieur du carrosse." Dès que le discours fut achevé, la reine reprit le carrosse et ne retrouva pas son livre. Découvert, en effet, par les chiens renifleurs, le livre avait été emporté par les services de sécurité avait expliqué le valet de pied de la reine.

 

La reine percevait que son goût pour les lectures provoquait une certaine hostilité. Néanmoins, elle demanda à obtenir pour le lendemain un exemplaire du livre soi-disant détruit.

 

Les chiens de la reine, mécontents de leur maîtresse lectrice, détruisaient les livres qui pouvaient tomber sur le tapis. De même que les chiens n'appréciaient guère Norman, de même sir Kevin était irrité par la proximité du jeune homme avec la reine.

 

Devant se rendre au Pays de Galles, la reine, en compagnie de Kevin, fit entrer Norman dans son bureau et le questionna sur les lectures qu'elle pourrait faire dans le cadre de ce voyage. Il restait Kilvert, "un vicaire du XIX e siècle, […] [qui] vivait en bordure du pays de Galles et aimait beaucoup les petites filles."

La reine écouta sir Kevin lui parler de sa future visite au pays de Galles, puis replongea dans sa lecture, l'entretien étant fini.

 

La reine fit donc son voyage durant lequel elle rencontra comme à chaque fois quelques-uns de ses sujets, mais cette fois, au lieu de simples échanges habituels, la reine demanda à ses sujets ce qu'ils lisaient. Mais comme la plupart de ses sujets ne lisaient pas, ils ne  purent pas répondre à sa question. Ceci ne découragea pas la reine qui parla de ses lectures et présenta l'ouvrage qu'elle était en train de lire. L'attitude de la reine déconcerta ses sujets et obligea ceux qui étaient à son service à s'organiser autrement.

Par contre, la famille royale appréciait tout à fait son engouement pour la lecture, car elle "avait sur [la reine] un effet bénéfique."

 

Le temps passant, la reine changea ses habitudes. Elle commença à prendre des notes lors de ses lectures et à faire des distinctions entre les ouvrages.

La reine avait le "sentiment d'avoir à rattraper le temps perdu", ce qui la poussait à lire encore et toujours. Elle décida aussi qu'il fallait rencontrer les auteurs qu'elle avait lus. C'est pourquoi, elle organisa une réception. Elle ne souhaita pas que les écrivains fussent briefés, ce qui fut une mauvaise idée.

 

Lorsque les écrivains se retrouvèrent entre eux, ils furent "d'un naturel bruyant, volubile et cancanier." La reine "se retrouvait brusquement empruntée et mal à l'aise." Elle ne parvint pas à trouver les mots, l'écrivain, avec lequel la reine s'entretenait, "refusait obstinément d'évoquer son dernier best-seller et ne s'intéressait qu'à celui qu'il était en train d'écrire." La reine songea donc qu'il valait mieux lire les ouvrages de ces auteurs contemporains que de les rencontrer. Il n'y eut qu'une soirée de ce genre et la reine "renonça pour l'essentiel à rencontrer et même à lire ses contemporains." Elle se consacra aux classiques : "Dickens, Thackeray, George Eliot et les Brontë."

 

Chaque mardi soir, la reine recevait son Premier ministre. Ce rituel, au cours duquel la reine avait accumulé une certaine expérience, permettait au Premier ministre de rapporter ce dont il avait été question des derniers temps. Il parlait, la reine écoutait et acquiesçait simplement.

 

À la fin de cette entrevue, la reine proposa de mettre en scène les vœux de fin d'année différemment. Elle souhaitait être filmée en train de lire l'un des poèmes de Thomas Hardy, "La double convergence." Ce poème décrivait "le choc entre le Titanic et l'iceberg." Le Premier ministre chercha la finalité du geste, puis estimant que le message délivré serait plutôt négatif, préféra parler de "la visite de [Sa] Majesté en Afrique du Sud."

 

Toutefois, la reine arriva à ses fins. Elle commença son allocution de Noël "avec le premier paragraphe d'Un conte de deux villes de Dickens ("C'était la plus belle et la pire des époques…") et s'en tira d'ailleurs plutôt bien."

 

C'est pourquoi la reine désira encore lire en public. Elle appela l'archevêque de Canterbury afin de savoir si sa fonction lui permettait de lire la leçon durant l'office. Ayant appris qu'elle le pouvait, elle commença par le Lévitique. Elle fit d'autres lectures en public.

 

La lecture avait pris une telle place dans le quotidien de la souveraine que cette dernière accomplissait ses obligations désormais jugées pesantes. L'amour de la lecture était devenu aussi un poids.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 10:00

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Publié avec le concours du Centre nationale des Lettres, cet ouvrage est présenté par André Crépin qui a traduit les différents textes qui composent le livre.

 

Beowulf ayant déjà été fait l'objet des plusieurs articles en littérature anglaise, il ne sera pas présenté de nouveau. Nous aborderons donc les quatre autres textes qui se trouvent dans cet ouvrage, à savoir Judith, La Bataille de Maldon, Plainte de l'exilée et Exaltation de la Croix.

 

Quelques mots sur ces poèmes rédigés en vieil anglais…

 

La littérature écrite en vieil anglais représente les écrits les plus anciens qui ont survécu à l'Empire romain. Les poèmes dont nous allons parler, nous sont connus grâce à quatre manuscrits datant de l'an Mil. 30 535 vers en vieil anglais sont parvenus jusqu'à nous. Il s'agit de poèmes recopiés, ce qui ne nous permet pas de savoir quand furent composés, pour la première fois, ces poèmes.

Le poème héroïque glorifie un héros qui incarne les vertus qui assurent à la fois la cohésion sociale et le salut dans l'au delà.

 

Judith

 

Ce poème célèbre la confiance en la toute puissance de Dieu. Bien que le début du poème soit manquant, il est permis de croire, grâce à quelques éléments linguistiques, que le poème fut écrit vers 930.

Judith est héroïque par son dévouement. Holopherne et ses hommes, qui sont des Assyriens, sont présentés en terme traditionnel de chef et de vassaux. Les Hébreux, quant à eux, symbolisent une espèce de démocratie qui ne dépend que de Dieu, ce que souligne d'ailleurs Judith à la fin de ce poème.

 

LE TEXTE

Le début est manquant et commence par les derniers vers du chant IX. Nous n'avons que les trois chants suivants.

 

Judith, persuadée de l'assistance de Dieu, quelles que soient les épreuves, se trouvait depuis quatre jours dans la demeure d'Holopherne. Ce dernier avait convié "tous les vétérans d'entre ses vassaux" à un festin.

 

Chant X

Dans la grande salle, Holopherne et ses invités buvaient beaucoup. Durant toute la journée, il fit servir du vin aux "nobles de sa suite" qui finirent par être "étendus ivres morts, sans force ni valeur."

À la fin de la journée, Holopherne exigea que "la sainte fille fût amenée sans tarder dans le lit où il reposerait, parée de ses bijoux, ornée de ses bracelets." Il fut obéi par ses guerriers. Ces derniers virent confirmer à Holopherne, leur satrape, que la jeune femme avait été "menée dans son pavillon."

Holopherne se réjouissait à la "pensée de salir et de souiller cette femme brillante de pureté." Mais Dieu veillait sur Judith.

Le satrape, "enivré de vin", s'effondra sur son lit. Judith, "la fille aux cheveux tressés, la créature de Dieu", après avoir réfléchi à la façon d'échapper à cet homme, "saisit un glaive tranchant" et demanda à Dieu de l'assister dans son geste. "Elle saisit le païen fermement par la chevelure", puis par deux fois, elle le frappa si fort que sa tête roula sur le sol. L'esprit de Holopherne, quant à lui, tomba en Enfer pour l'éternité.

 

Chant XI

"Judith au combat avait acquis et la gloire et la vie" que Dieu lui avait offert.

Accompagnée de sa servante fidèle, Judith "emporta la tête ensanglantée du conquérant" cachée dans un panier jusqu'à leur cité de Béthulie. Lorsqu'elles eurent atteint la porte des remparts, Judith demanda "qu'un homme sorte de la vaste cité et vienne à sa rencontre.". Elle annonça à son peuple que Dieu allait donner gloire et prospérité aux siens après tant de souffrance.

Le bonheur des habitants était immense. Le peuple se dirigea alors vers elle.

Sur ordre de sa maîtresse, la servante montra à la foule, la tête ensanglantée du tyran, tandis que Judith exhortait les siens à reprendre les armes afin d'affronter les hommes de Holopherne.

Au point du jour, "les héros casqués quittèrent la ville sainte". Les Hébreux se dirigèrent vers le camp des Assyriens qui périrent tous sans exceptions de la main des Hébreux.

 

Chant XII

"Ainsi les preux du pays, dès la naissance du jour, attaquèrent les tributs étrangères sans le moindre répit." Les Assyriens, encore abrutis d'hydromel, "apprirent le massacre" que venait de faire les Hébreux. Tous étaient désemparés et aucun de ces hommes n'osait se rendre dans le pavillon de Holopherne afin de lui raconter ce qui s'était passé.

Enfin, un guerrier, surmontant sa peur, entra dans le pavillon de Holopherne. Alors "il trouva sur le lit, gisant livide, celui qui distribuait l'or, sans plus un souffle, déserté par la vie."

"Fou de désarroi", il fit part à ses compagnons de la défaite qui les attendait. Les hommes "jetèrent leurs armes par terre, s'éloignèrent l'âme accablée, et prirent la fuite."

Les Assyriens furent poursuivis et décimés par les Hébreux. Les cadavres, qui jonchaient le sol, furent débarrassés de leurs armes.

Les hommes "rapportèrent en prix de leur expédition, […] le butin de Holopherne" qu'ils donnèrent à Judith.

"De tout cela Judith glorifia le Seigneur des armées, qui lui donna prestige, honneur sur la terre mais aussi récompense au ciel, […] pour avoir conservé foi parfaite dans le Tout-Puissant."

 

 

La Bataille de Maldon

 

Ce poème nous est connu grâce à une transcription réalisée au XVIII en 1726, le texte original ayant été détruit lors de l'incendie de la Bibliothèque Cottonienne en 1731.

Les faits racontés dans ce poème sont attestés dans l'histoire. En 991, une flotte de 93 navires de Vikings –il s'agit de Norvégiens- remonte le fleuve Panta (aujourd'hui Blackwater) et débarquent près de Maldon.  

Les Norvégiens parviennent à vaincre les Anglais et décapitent leur chef, Byrhtnoth. Le poème est d'ailleurs aussi connu sous le titre de La Mort de Byrhtnoth.

Le poème met en scène courage et loyauté. Après la mort de leur chef, Byrhtnoth, les hommes cherchent au combat leur propre mort. Mais cette exaltation de la fidélité au chef a aussi été perçue comme un simple exercice littéraire, certains minimisant à la fois les faits rapportés de cette bataille et le symbole que cette bataille représente.

Une autre lecture de ce court poème -325 vers seulement- est possible. Le texte peut être compris comme un appel à l'union contre l'envahisseur, c'est d'ailleurs l'interprétation qu'en fit Winston Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale lorsqu'il cita quelques vers de ce poème.

Différents détails –noms des compagnons de Byrhtnoth, noms topographiques- suggèrent que l'auteur avait une bonne connaissance de ces événements.

Il est aisé pour les Français de voir une certaine ressemblance entre ce poème et La Chanson de Roland, mais il faut être prudent. Certes, dans les deux poèmes, il s'agit de glorieuses et meurtrières défaites, certes, certains procédés littéraires sont les mêmes (prière du héros mourant), certes il y a un déroulement linéaire des faits (ce qui n'est pas le cas dans Beowulf), mais les ressemblances s'arrêtent là. Il n'y a pas l'idée de croisade dans le poème en vieil anglais. Il est surtout question de suivre, jusque dans la mort, le chef défenseur de la terre des ancêtres.

 

LE TEXTE

Le début est manquant.

 

Le comte demanda à ses hommes de laisser leurs chevaux et de se mettre en marche pour combattre. Le neveu d'Offa laissa alors son faucon s'envoler. La détermination des hommes était grande. "[Eadric] montra âme vaillante tant que de ses mains il put tenir écu et large épée. Il fut loyal à son serment de précéder son maître partout dans la mêlée."

Byrhtnoth installa ses hommes.

Alors, "[…], l'envoyé des Vikings lança son message assorti de menaces des gens d'outre-mer à l'intention du comte debout sur la berge." Le message était simple. Si Byrhtnoth acceptait de donner toutes les richesses de son peuple, alors il n'y aurait pas de guerre.

Furieux, Byrhtnoth répliqua que lui et ses hommes étaient bien décidés à défendre son pays, "terre d'Aethelred".

 

Ces paroles dites, Byrhtnoth "commanda, boucliers aux bras, aux hommes d'avancer jusqu'à ce que sur la berge ils fussent tous postés."

Les Saxons faisaient front à l'armée des Vikings prête au combat.

Byrhtnoth avait pris soin de faire garder le gué par un guerrier de renom : Wulfstan.

Les Vikings, ayant compris que le gué, trop bien gardé, était infranchissable, usèrent d'un stratagème : "[…], [ils] demandèrent de pouvoir disposer d'un accès, traverser le gué, avancer à pied sec." Byrhtnoth, magnanime, accepta.

Les Vikings, ayant traversé le fleuve, se mirent en ordre de bataille. Aussitôt les guerriers de deux camps s'affrontèrent. "Les hommes tombaient, dans l'une et l'autre armées, les jeunes corps jonchaient le sol." Malgré les morts, Byrhtnonth exhortait ses hommes.

 

Byrhtnoth affronta l'ennemi. Blessé, la détermination de Byrhtnoth n'en fut que plus grande. Il tua plusieurs combattants ennemis.

Le princier vassal d'Aethelred, Byrhtnoth, fut transpercé par un javelot. Un jeune guerrier, Wulfmaer, qui se trouvait à ses côtés, le lui ôta et le renvoya dans le camp ennemi. Le javelot tua celui qui l'avait, le premier, envoyé.

Byrhtnoth tenta encore de combattre mais il n'avait plus assez de force. Il parvint encore à exalter ses hommes puis regardant les cieux, demanda grâce à Dieu.

Les païens achevèrent Byrhtnoth et tuèrent deux guerriers, Aelfnoth et Wulfmaer, qui se trouvaient auprès de leur chef.

Certains Saxons décidèrent alors de quitter le champ de bataille. "Les fils d'Odda furent les premiers à fuir." Mais d'autres hommes "s'avancèrent, insensibles à la peur  […]. Ils étaient résolus à la simple alternative soit de quitter la vie soit de venger l'ami."

Le jeune Aelfwine, fils d'Aelfric, par ses paroles, encouragea ses compagnons et poursuivit le combat. Alors qu'il venait de tuer"l'un des marins ennemis", Offa prit la parole à son tour. Il trouva les mots pour réconforter les hommes après le départ du fils d'Odda. D'autres guerriers prirent la parole et confirmèrent qu'ils se battraient jusqu'au bout. Ce qu'ils firent. Un à un, ils tombèrent suivant leur chef dans la mort.

 

 

Plainte de l'exilée

 

Ce court poème –cinquante-trois vers- fut rédigé dans la seconde moitié du X e siècle. L'interprétation en est délicate. Nous sommes en présence du thème de l'exil mais éprouvé par une femme.

LE TEXTE

 

"Ce chant que je dis est l'histoire de ma vie, chant de tristesse, ma propre aventure, […]. Je n'ai connu que tourment de mes expériences d'exil."

La jeune femme fut éloignée de son "seigneur" car les proches de ce dernier avaient conçu le dessein de les désunir l'un de l'autre. La jeune femme dût prendre le chemin de l'exil afin d'obtenir ailleurs protection.

Son seigneur lui demanda de vivre dans les bois. Elle prit alors conscience que "l'homme, [son] autre moi-même, était incapable de bonheur, il avait peine profonde, cœur silencieux, noirs desseins." Le bonheur et les promesses d'antan n'existaient plus.

 

Chaque jour, le chagrin de la jeune femme est profond dans ce monde où le temps s'écoule lentement. "Il me faut, de près ou de loin, souffrir de mon bien-aimé l'inimitié" déclare la jeune femme.

En forêt où elle vit désormais, l'exilée ressent cruellement "l'éloignement du maître."

Son chagrin lui enlève toute sérénité. Alors, l'exilée meurtrie ne peut qu'émettre des souhaits :

"Puisse cet homme jeune ne connaître que la douleur, roide pensée au cœur. Qu'il ait mine joyeuse mais intime chagrin. Qu'il éprouve d'infinies tristesses." Ainsi peut-être que cet homme éprouvera ce qu'elle éprouve.

"Malheur à qui, languissant de chagrin, doit attendre l'être aimé" conclut-elle.

 

 

Exaltation de la Croix

 

Ce poème, qui clôt l'ouvrage de textes en vieil anglais, est une hymne religieuse, épique et lyrique.

Ce poème de 156 vers se trouve dans le codex de Verceil.

Certains vers de ce poème sont gravés en runes, sur la croix de Ruthwell. Ce qui permet de dater ce texte d'avant la moitié du VIII e siècle.

Ce poème raconte l'apparition, à un homme endormi, de la Croix, Celle qui accompagna le Christ dans son supplice. L'héroïsme du Christ tient une place importante.

Sachez, enfin, que le culte de la Croix est attesté tout au long du Moyen Âge.

 

LE TEXTE

 

Le narrateur eut "au milieu de la nuit" un songe dont il veut nous faire part.

Il vit "un arbre des plus rares se dresser dans les airs enveloppé de lumière –bois de toute beauté." Cet arbre était couvert d'or et d'objets précieux. "Ce n'était point là, potence de criminel mais objet de contemplation pour les saints esprits, les hommes sur la terre, la création entière."

Sous l'or que portait cet arbre, l'homme remarqua des "traces de lutte et de malheur". Il éprouva alors de la tristesse et de la terreur "devant cette merveille."

Alors qu'il ressentait un profond trouble, l'arbre du Sauveur se mit à parler. Le bois de l'arbre raconta son histoire. Abattu en lisière de forêt, l'arbre devint "un public échafaud."

Puis il vit "le Maître de l'humanité avec la fougue d'un héros se hisser sans hésiter." Alors qu'il aurait pu "bousculer tous les ennemis", il n'intervint pas. Il fut témoin du supplice du Christ et en porta aussi les marques. Les hommes le "percèrent de clous noirs : les blessures en sont encore visibles, plaies béantes de la haine, mais [il] n'os[ait] riposter.

Le Christ mort, l'arbre éprouva une terrible tristesse.

Des hommes détachèrent le Christ de la croix et laissèrent ainsi la croix "ruisselant[e] de sang, percé[e] de mille coups."

Le corps du Christ reçut "une demeure souterraine non loin de l'instrument de sa mort."

 

Les autres croix furent alors abattues, puis enterrées "dans une fosse profonde." Mais la Croix qui avait porté le Christ fut revêtue d'or et d'argent.

Dorénavant, l'arbre sait que le moment est venu où les hommes l'honoreront et invoqueront son signe. C'est pourquoi, "l'Arbre de gloire" demanda à celui qui venait de faire ce songe, d'en faire part aux hommes et de leur porter le message d'espérance du Christ ressuscité et bienveillant.

 

Alors, l'homme qui avait vu en songe le bois de la croix, eut le cœur plein de joie. L'espoir fut plus grand. Avant de rejoindre un jour ou l'autre ceux de ses amis qui ont déjà quitté ce monde, l'homme se mit sous "la garde de la croix." Chaque jour sera celui qui conduira vers la croix du Seigneur qui vint sur terre pour libérer les hommes.

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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 11:27



Vers 837 à 1250 :

Le matin, "une foule de guerriers se pressa autour du palais, les chefs accoururent de loin ou de près", afin de regarder "les restes de l'ennemi." Beowulf avait triomphé de l'ogre. Cet événement fut beaucoup fêté : chant, courses de chevaux, récit des exploits de Beowulf.
Un cavalier de Hrothgar entreprit de faire un poème de louange en reprenant l'ancienne victoire de Sigemund sur un dragon afin de mieux associer la victoire toute récente de Beowulf sur l'ogre.
Un festin eut lieu durant lequel le roi Hrothgar remercia vivement Beowulf pour le combat victorieux qu'il avait conduit mettant fin ainsi à des années de tuerie. Il lui dit : "Désormais je te veux, Beowulf, toi le plus noble d'entre les hommes, pour mon propre fils, t'adopter de tout cœur."
Le roi Hrothgar souhaitait récompenser grandement Beowulf. Le chef des Gauts répondit qu'il avait agi par bienveillance. Il aurait voulu que le roi pût voir chaque moment de ce terrible combat.
La salle festive, endommagée par Grendel, fut richement décorée afin de recevoir les hôtes. Hrothgar vint et fit de nombreux présents à Beowulf et ses compagnons. Puis l'aède de Hrothgar récita un poème : dans le palais de Finn, le Frison, lors du mariage de celui-ci avec la Danoise Hildeburh, un massacre eut lieu. Presque tous les compagnons de Finn périrent dans cette lutte. Un compromis fut trouvé et les morts furent brûlés. Mais une autre bataille coûta la vie à Finn. La jeune veuve fut enlevée et ramenée sur sa terre natale. Ainsi prit fin le poème de l'aède.
Le festin se poursuivit. L'épouse du roi Hrothgar, Wealhtheow, s'adressa à Beowulf : " […], montre-toi généreux envers les Gauts en songeant aux présent que tu possèdes, d'origine proche ou lointaine." La reine vit en Hrothulf, neveu de son mari, un protecteur.
Beowulf fut invité à sceller l'amitié en buvant la coupe. Le chef des Gauts reçut de nouveaux présents offerts par la reine : collier, tunique et anneaux. La reine Wealhtheow lui souhaita tout le bonheur possible et lui donna quelques recommandations.
Le festin s'acheva, la salle fut débarrassée et préparée pour la nuit.
 
Vers 1251 à 1650 :
Chacun trouva le sommeil, mais la mère de Grendel, "hargneuse et vorace", vint au palais du roi Hrothgar afin de venger la mort de son fils. Elle attaqua et "se dépêcha de saisir l'un des princes […] avant de déguerpir vers les marais." L'ami le plus cher du roi Hrothgar venait de perdre la vie.
Comme Beowulf avait dormi dans une autre pièce après sa victoire, on l'envoya chercher pour l'informer de cette nouvelle attaque. Hrothgar, lui apprit que son meilleur ami, Aeschere, avait perdu la vie durant la nuit, victime d'une "bête hideuse." Le roi, Hrothgar fit la description de "deux créatures […] gigantesques coureurs des confins, maîtres de la lande [qui] vivent à l'écart : […] où un torrent dévale et s'engouffre dans les ténèbres des rochers, flot courant sous la terre." Personne ne s'est jamais rendu dans cet endroit où devra pourtant aller Beowulf.
Beowulf parla et proposa de partir immédiatement sur les pas de cette créature avec le roi, Hrothgar. Tout fut préparé pour cette expédition. Les Danois et les Gauts partirent ensemble.
Quand ils parvinrent "sur le rebord du gouffre", ils virent la tête d'Aeschere qui avait été tué par la mère de Grendel. L'endroit était effrayant. Les hommes "aperçurent près de l'eau comme de nombreux serpents, d'étranges dragons fouillant l'étang, tandis que sur les corniches s'étalaient de ces monstres qui, vers la troisième heure, lancent leur raid cruel sur la route des voiles – reptiles et bêtes sauvages." Un monstre fut tué tandis que "Beowulf se revêt[ait] de son armure de preux sans montrer la moindre peur."
Bien armé Beowulf rappela les promesses faites par le roi Hrothgar, s'il venait à mourir au combat. Beowulf plongea alors dans le lac.
La mère de Grendel perçut rapidement une présence humaine sur son territoire. L'armure de Beowulf empêchait l'ogresse d'attraper le guerrier gaut, c'est pourquoi elle l'entraîna dans son repaire.
Beowulf se retrouva "dans une sorte de grand-salle peu amène où il échappa à l'élément liquide." Beowulf aperçut un foyer, puis "la puissante femelle de l'étang." Il la frappa d'un grand coup de son épée mais rien n'y fit. Il abandonna cette épée pour se livrer à un corps à corps. Beowulf fut sauvé par "le corselet aux mailles entrelacées, " qu'il portait.
Beowulf aperçut alors "une antique épée […] chef d'œuvre des Titans." Il s'en saisit et parvint à tuer la mère de Grendel.
Victorieux, il coupa aussi la tête de Grendel dont le cadavre gisait là.
Pendant ce temps, les hommes de Hrothgar observaient l'étang. Quand ils virent l'eau devenir rouge, ils songèrent que Beowulf avait perdu. Alors que les hommes de Hrothgar quittèrent les lieux, les hommes de Beowulf, affligés, restèrent là à regarder l'étang.
L'épée se détruisit "sous l'effet du sang." Beowulf partit n'emportant que la tête du monstre et la poignée du glaive qui ne s'était pas détruite. Il nagea et retrouva ses compagnons. Le lac s'était enfin apaisé.
Les compagnons de Beowulf et leur chef retournèrent au palais du roi Hrothgar et entrèrent dans la grand-salle.
 
Vers 1651 à 1887 :
Beowulf offrit au roi ce qu'il avait rapporté de la demeure de l'ogresse. Puis il raconta son combat dont il avait pu sortir victorieux grâce à Dieu et à l'épée antique.
Sur la poignée de ce glaive était gravée "le début de la discorde des premiers temps quand le déluge noya sous un raz de marée la race des Titans."
Hrothgar prit la parole et rendit hommage à Beowulf. Il lui rappela à travers l'histoire du mauvais roi danois, Heremod, quels sont les devoirs à accomplir et les erreurs à éviter quand la victoire survient.
Beowulf est invité à prendre part au festin. L'heure de se reposer arriva.
Beowulf rendit à Hrunting l'épée qu'il lui avait prêtée pour affronter l'ogresse et qui n'avait pu être efficace. Il le remercia de lui avoir laissé, le temps d'un combat une telle arme.
Beowulf et ses hommes étaient prêts à reprendre la mer. Le chef des Gauts adressa quelques mots à Hrothgar avant le départ. Beowulf annonça que si le peuple du roi Hrothgar se trouvait une nouvelle fois en danger, il viendrait avec d'autres hommes lui porter secours pourvu qu'il l'apprenne. Il ajouta que le fils aîné du roi, Hrethric, pouvait se rendre dans son pays s'il le désirait.
Hrothgar reconnut dans les propos de Beowulf, la sagesse et la qualité de cet homme. Il vit en lui un héritier du peuple des Gauts. Grâce aux exploits de Beowulf, les deux peuples "jouiront d'une paix mutuelle."
Hrothgar offrit "douze présents magnifiques" à Beowulf. Le roi Hrothgar pleura en se séparant de Beowulf car il savait qu'ils ne se reverraient plus. Beowulf était sur le point d'embarquer.
 
Vers 1888 à 2199 :
Beowulf et ses hommes se rendirent au bateau. Le gardien des côtes, qui voilà peu, avait été méfiant à leur égard, vint à leur rencontre et se vit offrir une épée par Beowulf.
Le bateau partit et arriva à bon port. Beowulf fut bien reçu. Les trésors furent déchargés au palais de Hygelac.
La reine Hygd, épouse du roi Hygelac, et la reine Thryth, épouse du roi Offa, sont décrites. La première contraste avec la seconde.
Beowulf et ses hommes allèrent auprès du roi qui avait appris la nouvelle de son retour. Tout fut rapidement prêt pour le recevoir dans la grand-salle. Quand Beowulf arriva, il s'assit au côté du roi. La fille d'Haereth, Hygd, offrit des coupes d'hydromel.
Hygelac posa de nombreuses questions à Beowulf au sujet de son voyage et de son combat. Beowulf raconta alors le voyage, l'arrivée auprès du roi Hrothgar, le festin auquel avaient pris part Wealhtheow, l'épouse du roi et Freawaru, sa fille. Cette dernière était promise à Ingeld, un Heathobard, mais Beowulf présentait dans ce mariage politique, la rancune qui couvait et la vengeance en préparation. Il fut affirmatif : "Je ne crois donc pas à la bonne foi des Heathobards, à leur entente avec les Danois sans arrière-pensée, à une amitié durable."
Beowulf reprit son récit et raconta son combat victorieux contre Grendel et contre la mère de celui-ci, les récompenses offertes par le roi Hrothgar. Ces présents, Beowulf les offrit à son roi, Hygelac.
Tout ce qu'avait accompli Beowulf, lui valait enfin la gloire, car jusqu'à présent il n'avait pas été estimé.
Le roi offrit Beowulf "l'épée héritée de Hrethel, toute sertie d'or, […] sept mille arpents, avec manoir et trône."
 
Vers 2200 à 2537 :
Cinquante ans plus tard, alors que Hygelac et son fils, Heardred avaient disparu et que Beowulf était devenu roi de la contrée, un dragon se déchaîna dans les environs. Cet animal devait veiller sur un trésor païen déposé, il y a fort longtemps, par le dernier survivant d'une brillante civilisation. Ce précieux butin dérobé au dragon endormi provoqua sa colère.
L'homme qui avait volé le dragon, était entré dans son territoire pour sauver sa vie. Il vit soudain ce que contenait cet endroit.
C'est là qu'un homme avait déposé tous les trésors des gens de son peuple. Il avait confié à la terre "les possessions des princes." Quand il mourut, un dragon vit dans ces richesses, "une proie sans défense", c'est pourquoi, pendant trois cents ans, il veilla "sur l'or païen sans en tirer les moindre profit."
La coupe dérobée par le voleur déclencha la colère du dragon qui partit à sa recherche.
La nuit venue, le dragon sema le terreur dans les environs. Il brûla les châteaux et frappa le peuple des Gauts. Puis avant le levée du jour, il regagna sa grand-salle secrète.
Beowulf apprit rapidement ce qui s'était passé. Sa propre demeure ayant été brûlée, Beowulf prépara une vengeance. Après avoir fait fabriquer "un bouclier spécial", Beowulf, dont le narrateur rappelle les mérites anciens, alla affronter le dragon.
Avec douze de ses hommes, Beowulf partit. Un autre homme, celui qui avait découvert la caverne du dragon, accompagnait ce groupe afin de leur montrer le chemin. Parvenu à la caverne avec ses hommes, Beowulf, homme maintenant âgé, leur adressa ces quelques mots.
Enfant, il avait été enlevé à son père. Le roi Hrethel s'occupa bien de lui car il est le fils de sa fille. Hrethel avait perdu son fils aîné, Herebeald qui avait été tué accidentellement par Haethcyn, frère de celui-ci. La tristesse de Hrethel fut immense. Il perdit goût à tout, c'est pourquoi, il laissa à ses autres fils, terres et pouvoir.
A la mort de Hrethel, Suédois et Gauts se firent la guerre. Les fils d'Ongentheow menèrent rude bataille. Haethcyn, meurtrier de son frère, perdit la vie dans ce conflit. Son meurtrier, Ongentheow périt sous les coups d'Eofor, époux de la fille du roi Hygelac.
Hygelac, troisième fils du roi Hrethel, reçut le pouvoir et récompensa Beowulf plusieurs fois. Après avoir rappelé tout ce qu'il avait mené comme combats, Beowulf déclara qu'il désirait se battre à nouveau mais seul.
 
Vers 2538 à 2816 :
Armé, Beowulf se rendit seul au pied de la falaise. Lorsqu'il arriva, Beowulf poussa un cri afin que l'animal reconnut une voix humaine. La lutte entre le dragon et Beowulf fut rude. Malgré les coups portés, Beowulf ne parvenait pas à blesser l'animal qui n'en devenait que plus furieux.
Les hommes présents près du lieu des combats ne bougèrent pas. Un seul décida de se rendre près de Beowulf pour l'aider. Il s'appelait Wiglaf, fils de Wigstan.
Armé d'un équipement de qualité, Wiglaf, se souvenant des faveurs prodiguées par Beowulf, se rendit auprès de lui. Il adressa des reproches à ses compagnons d'armes avant de partir. Il s'engagea "dans la fumée mortelle" tout en prononçant quelques paroles destinées à Beowulf.
Le chef des Gauts parvint à asséner un coup d'épée. Sous la violence du coup, Naegling, l'épée de Beowulf se brisa. Au troisième assaut, Beowulf fut cruellement blessé et le dragon enfin tué.
Beowulf remporta là sa dernière victoire. Sa blessure s'aggravant, il comprit qu'il allait mourir. Il s'adressa à Wiglaf. Beowulf regrettait de ne pas avoir eu de fils à qui transmettre son équipement de guerrier. Il ne regrettait rien de sa gestion.
Avant de disparaître, il souhaita voir les richesses du dragon.
Wiglaf revint avec de superbes objets qu'il eut le temps de montrer à Beowulf. Ce dernier remercia le "Maître suprême" de lui avoir laissé le temps de rapporter ces trésors pour son clan.
Il demanda qu'"un tertre funéraire" lui fût édifié, ainsi qu'un mémorial sur le Cap-de-la-Baleine. Il remit à Wiglaf, son vassal, tout son équipement et fit de lui son héritier.
 
Vers 2817 à 3182 :
Le dragon et Beowulf sont là gisants. Wiglaf était éprouvé par ces événements.
Ceux qui avaient quitté ce lieu laissant Beowulf affronté le dragon, revinrent. Ils observèrent Wiglaf qui "essayait de ranimer [Beowulf] avec de l'eau – en vain." Quand Wiglaf aperçut ses compagnons, il leur reprocha leur lâcheté dans ce combat. L'ennemi avait bien été tué mais Beowulf avait aussi perdu la vie. Ces hommes, pourtant armés par Beowulf, avaient manqué dans ce moment crucial, c'est pourquoi, ils ne recevraient pas de récompense pour cet abandon.
Wiglaf envoya un messager annoncer la mort de Beowulf. Après avoir appris au clan que Beowulf avait disparu dans ce combat contre le dragon, le messager prédit les attaques qui pourraient suivre de la part des Francs et des Frisons dès qu'ils auraient connaissance de cet événement.
Le passé qui liait les Gauts à ces peuples attestait que la guerre était possible, notamment avec la dynastie des Scyfingiens dont Ongentheow, vainqueur d'Haethcyn, faisait partie et qui fut tué par Eofor, beau-fils de Hygelac.
Le messager craignait plus des Suédois que des Francs. Il dit qu'il fallait emmener le roi défunt au bûcher funéraire, l'or qu'il avait découvert devait l'accompagner puisqu'il lui avait coûté la vie.
Ensuite, "les hommes prirent sans joie, la route du Cap-des-Aigles."
Sur le sable, sans vie, reposaient le roi et le dragon de "cinquante pieds de long."
Une malédiction entourait le trésor qui avait été déposé par les chefs : "serait coupable de péché grave, confiné dans les temples démoniaques, prisonnier de l'enfer, soumis aux pires tourments, l'homme qui pillerait ce lieu."
Après avoir rappelé les torts que ce trésor ancestrale avait causé à leur chef, Wiglaf demanda à ses compagnons de construire une "tertre élevé, important, impressionnant, digne de l'homme qu[e Beowulf] fut."
Le bûcher fut préparé par tous. Le dragon fut jeté à la mer et le trésor emporté avec Beowulf. On brûla son corps selon la coutume.

"Les chefs des Wèdres édifièrent ensuite une tour sur le promontoire, haute et massive." Des objets précieux furent déposés dans le caveau. Les cavaliers pleurèrent leur maître des Gauts, célébrant ce que Beowulf avait été.

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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 11:31


Ecrit soit vers 730-750, soit vers l'an Mil, Beowulf est le plus ancien des longs poèmes rédigés en vieil-anglais d'avant la Conquête normande de 1066 qui nous sont parvenus. Beowulf représente un dixième du corpus de poésie vieil-anglais. Composé de 3 182 vers, ce poème d'un auteur anonyme nous est connu par un seul manuscrit, conservé aujourd'hui à Londres, à la British Library. Archivé sous la cote Cotton Vitellius A.xv., il comporte deux codex. Beowulf se trouve dans le second sous le nom de Codex Nowell, du nom de Laurence Nowell, homme du XVI e siècle qui écrivit son nom au recto du premier feuillet de cet ouvrage.

 
L'écriture révèle que deux scribes ont (re)copié ce poème. Les paléographes estiment que l'écriture utilisée date des environs de l'an Mil, ce qui ne veut pas dire que la composition du poème date de cette époque.
 
Alors que le poème est écrit dans le dialecte west-saxon tardif des Xe-Xie siècles, sa matière est scandinave. En plus comme toute la littérature vieil-anglais, ce poème est chrétien. L'évangélisation des Anglo-saxons qui commença au VII e siècle, fut plus tardive en Scandinavie encore païenne au IX e siècle. Cependant l'Eglise et le Christ ne sont pas évoqués dans cette société païenne où l'incinération –condamnée par l'Eglise jusqu'au XX e siècle- est pratiquée couramment. Nous avons un prince païen à la conduite chrétienne.
 
L'archéologie a confirmé quelques éléments décrits dans le poème. Ainsi les tertres funéraires de Sutton Hoo situés à cent trente kilomètres de Londres ont livré des nombreux objets comme des armes de Suède, une petite harpe, coupes et plats… Le palais du roi Hrothgar – assez grand pour recevoir tous les guerriers - décrit dans le poème fait songer au complexe de Yeavering, situé au nord de l'Angleterre. Il en est de même pour les bateaux évoqués dans le poème et les différentes pièces qui composent une armure.
 
Nous savons grâce, entre autres, à Grégoire de Tours que Hygelac mourut lors d'un raid malheureux à l'embouchure du Rhin entre 520 et 530. Par contre, les autres hommes, nommés dans le poème, nous sont pratiquement inconnus, même si certains d'entre eux apparaissent dans d'autres textes.
 
Beowulf, "le loup des abeilles", c'est-à-dire, l'ours est le héros qui donne son nom à ce poème héroïque. Ce poème est donc aussi une espèce de manuel du Prince, une sorte de traité politique. Ici se trouvent l'exaltation de la vaillance guerrière, la loyauté vassalique, la justice et le droit.
Beowulf doit combattre. Il le fait trois fois dans sa vie. La dernière bataille, alors qu'il est vieux, lui coûtera la vie.
 
Le poème permet de connaître certaines coutumes ou usages de cette période. Les exemples sont nombreux. La société est fortement masculine. Tous les hommes reçoivent un prénom porteur de sens, ce qui n'est pas le cas de toutes les femmes. Certaines d'entre elles sont désignées par rapport à leur époux (femme de…) ou par rapport à leur père (fille de…). Elles sont assez peu présentes dans le poème, juste à l'occasion des banquets. Elles sont évoquées dans certains récits, notamment lors de mariage politique. Cette pratique courante au Haut Moyen Age est présentée dans la poème comme inefficace, puisque de là naissent d'autres conflits.
La boisson (l'hydromel la plupart du temps ) tient un rôle important dans cette société. Elle permet de sceller solidarité et engagement. Elle est souvent servie par une femme au début d'un banquet. Par contre, la nourriture n'est pas évoquée. Seul l'ogre mange, mais il s'agit de chair humaine.
Les armes ont une généalogie et se transmettent de génération en génération. Les épées portent parfois des noms.
La vengeance au Haut Moyen Age est un devoir naturel. Cette pratique est courante, mais il arrive parfois qu'elle ne puisse être accomplie. Dans le poème, un ogre tue un homme, la compensation ne peut existe. Toutefois, même si les ogres ignorent les lois et les armes, la mère de Grendel vient venger la mort de son fils.
 
Le narrateur signale sa présence à plusieurs reprises dans le poème, souvent au moyen de cette phrase "d'après mes sources".
 
L'ouvrage propose le texte en vieil-anglais, ce qui peut être intéressant. Vous aurez quelques surprises si, par curiosité, vous décidez de plonger dans le vieil-anglais. Vous retrouverez bien peu de mots actuels.
La lecture du poème est parfois délicate, mais en fin d'ouvrage vous trouverez des tableaux généalogiques et un répertoire des noms propres, ce qui vous aidera.
 
 
Le poème :
Vers 1 à 193 :
Les Danois, sous le règne de Scyld, ont connu puissance et renommée. Ce roi eut un héritier prénommé Beowulf dont l'aura se répandit dans toute la Scandinavie.
Après un long règne, le roi Scyld mourut. Les funérailles de cet homme, qui encore nourrisson avait été trouvé dans une barque à la dérive, furent somptueuses. Le roi fut placé "au sein d'un vaisseau […] près du mât. Maint trésor venu de très loin, maint objet de prix l'accompagnèrent."
Beowulf régna à son tour "en souverain aimé, pendant des longues années." Il eut un fils, Healfdene, "qui toute sa vie, […], gouverna les Scyldiens heureux". Quatre enfants lui naquirent : "Heorogar et Hrothgar ainsi qu'Halga le Bon" et une fille, épouse du roi Onela.
Le deuxième fils, Hrothgar, après avoir remporté plusieurs combats, fit construire un magnifique et grand palais aux parois ornées de bois de cerf. Des festins avaient lieu en ces murs où récompenses étaient offertes par le roi à ses compagnons. Les temps troublés seraient pour plus tard.
Cette vie plaisante eut un terme. Un ogre du nom de Grendel, jaloux des festins des hommes fidèles au souverain Hrothgar, sema la mort parmi eux. Chaque nuit, alors que le festin avait pris fin, Grendel, être maudit, sauvage et sanguinaire" se rendait au palais d'où il emportait des hommes endormis avec lesquels il regagnait son repaire. Le carnage de Grendel est immense. La peur força les convives à ne plus rester la nuit dans le palais après chaque festin. Le demeure finit par être déserte, car ces massacres durèrent "douze hivers." Dans les environs, tout le monde savait que le roi Hrothgar, trop vieux pour se battre, était victime des attaques répétées de Grendel. Les massacres successifs de Grendel obligèrent les conseillers à chercher une solution. Païens, "ils célèbrèrent dans leurs temples, des cultes à leurs idoles," mais en vain.
 
Vers 194 à 661 :
Hrothgar ne parvenait plus à mettre fin au ravage de Grendel. Lorsque Beowulf, un Gaut (habitant du sud de la Suède actuelle) apprit cette nouvelle, "il se fit armer un solide vaisseau de mer." Quatorze hommes, "les plus motivés qu'il pût trouver," se joignirent à lui. Ils prirent la mer et arrivèrent facilement à destination.
Aperçus rapidement par "la sentinelle des Scyldiens chargée de garder les falaises," les hommes de Beowulf furent interrogés par l'officier de Hrothgar afin de savoir d'où ils venaient et pourquoi ils étaient venus.
Beowulf, fils d'Ecgtheow, répondit que lui et ses compagnons étaient de la race des Gauts et qu'ils étaient venus aider le peuple danois et son roi à combattre un tueur dont la terreur avait franchi les frontières. Tandis que leur bateau était surveillé, ils furent conduits auprès roi, Hrothgar.
Armés de leur équipement, les hommes se rendent à pied au palais. L'officier du roi Hrothgar, Wulfgar, vint les interroger sur leurs intentions. Beowulf prit la parole et annonça qu'il souhaitait voir Hrothgar afin de lui faire part de son intention de combattre Grendel.
Wulfgar se rendit auprès de Hrothgar et lui fit part du message de Beowulf. Le roi répondit qu'il connaissait cet homme depuis son enfance. La réputation de combattant de Beowulf était venu jusqu'au roi Hrothgar qui envoya chercher le jeune homme. Arrivé auprès du roi Hrothgar, Beowulf s'exprima. Ayant appris par "les dires des gens navigateurs" que des massacres avaient lieu au palais de Hrothgar la nuit tombée, Beowulf était venu combattre sans épée, ni bouclier cet ogre afin de le supprimer.
Etant intervenu au début de son règne en faveur d'Ecgtheow, père de Beowulf, après un combat, Hrothgar avait obtenu la reconnaissance de cet homme. Il reçoit son fils avec plaisir.
Hrothgar évoque avec tristesse les pertes humaines infligées par Grendel et l'impuissance de ses hommes face à cet ogre. Dans la grand-salle où tout le monde est attablé, Beowulf fait part de son projet.
Envieux de Beowulf, Hunferth prit la parole. Il critiqua Beowulf qui lui répondit sur le combat contre Breca qu'il avait remporté. Beowulf ajouta que : "De toi je n'ai pas entendu conter pareilles aventures, duels périlleux." Tout en mettant en doute son statut de guerrier, il déclara que lui irait affronter Grendel.
Hrothgar vit en Beowulf le combattant idéal. L'épouse de Hrothgar, Wealhtheow, "parée d'or", offrit "la coupe d'abord au gardien de la terre ancestrale des Danois-de-l'Est." Vint le tour de Beowulf qui reprit la parole afin de rappeler ce qui l'attendait : vivre ou mourir.
Le festin achevé, Hrothgar les guerriers quittèrent la grand-salle, laissant Beowulf avec ses hommes dans ce lieu.
 
Vers 662 à 824 :
Beowulf, le chef des Gauts, confiant dans sa force physique, "don de la Providence", ôta sa tunique et son heaume. Sachant que Grendel ne pouvait se battre avec des armes, Beowulf estima qu'il devait l'affronter à mains nues. Tandis que ses compagnons trouvèrent le sommeil, Beowulf veilla.
Grendel arriva dans le palais, comme il le faisait depuis douze ans déjà. Il parvint à la grand-salle pour la dernière fois. Beowulf l'observa et le vit tuer puis dévorer un guerrier endormi.
Le second individu que Grendel saisi, fut Beowulf. L'ogre comprit aussitôt qu'elle était la force de son ennemi. Le combat fut rude et bruyant. Grendel, gravement blessé, prit la fuite. Beowulf avait réussi à lui arracher un bras.
L'espoir des Danois était enfin réalisé. Beowulf avait triomphé de Grendel, mangeur d'homme.
 
 
 
 
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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 12:41

A la fin de l'été, le père de Catherine attrapa un mauvais rhume. Un jour d'automne, Nelly accepta de faire une promenade avec Catherine qui s'inquiétait pour son père malade. Cela angoissa la jeune fille au point de se demander ce qui lui arriverait si son père venait à disparaître subitement. Nelly essaya de la rassurer et lui fit promettre d'être sage le temps de la convalescence de son père.

A l'occasion de cette promenade, les deux femmes rencontrèrent Heathcliff qui reprocha vivement à Catherine la correspondance amoureuse qu'elle avait entretenue avec Linton et surtout interrompue. Ce dernier souffrant risquait de mourir. Ces propos indignèrent Nelly qui ne vit que ruse dans tout cela. Mais elles se rendirent à Hurle-vent afin de voir Linton.
 
Nelly et Catherine étaient en présence d'un Linton malade et irritable, moqué par Hareton. Linton et Catherine se parlèrent mais finirent par se disputer au sujet de leurs parents. Linton révéla alors à Catherine que son père, Heathcliff, avait été très amoureux de sa mère, Catherine. La réaction de Catherine provoqua une crise chez Linton obligeant Catherine à rester un peu plus longtemps auprès de Linton. Les deux femmes finirent par reprendre le chemin de la maison. Tout en marchant, Nelly tenta de faire comprendre à Catherine que l'état de santé de Linton était fort mauvais, le jeune homme ne parviendrait pas à ses vingt ans. Mais Catherine ne voulut rien entendre.
Après cette excursion sous un mauvais temps, Nelly tomba malade et dut rester trois semaines alitée. Catherine prit soin de son père et de Nelly et profita de ses soirées, alors que ses deux malades dormaient, pour sortir, sans le dire.
 
Après avoir passé trois semaines couchée, Nelly se leva. La première fois qu'elle put passer une soirée avec Catherine, la jeune fille se montra impatiente sans que Nelly en comprenne la raison. Après avoir observé discrètement la jeune fille, Nelly s'aperçut que chaque soir, Catherine se rendait à Hurle-vent auprès de Linton, et ce, depuis plusieurs jours déjà. Catherine fut obligée d'avouer et raconta ses soirées à Nelly. L'ambiance n'était pas agréable, la moindre petite chose tourmentait Linton qui devait être alors soigné. Ceci inquiéta Catherine.
Nelly rapporta cela à Edgar, le père de Catherine, ce qui mit fin aux visites de Catherine à Hurle-vent. Cependant, Edgar autorisa à Linton de venir à Thrushcross Grange s'il le désirait.
 
Les derniers événements que Mme Dean rapporte, ont juste un an. Edgar restait inquiet pour sa fille car Linton n'était pas à ses yeux celui qu'il fallait à sa fille, mais la santé fragile d'Edgar l'empêcha d'agir.
Peu après, Linton envoya une lettre inspirée par son père. Il expliquait qu'il n'était pas autorisé à se rendre à Thrushcross Grange. Il exprimait le souhait de voir sa cousine, Catherine. Edgar ayant refusé les entrevues demandées, Heathcliff trouva un autre moyen pour mettre son plan à exécution afin que son fils mourant épousât Catherine.
 
Les premières semaines de l'été, Edgar accepta que Catherine et Linton fissent chaque semaine une promenade à cheval ou à pied. Cependant, lors de cette première sortie, les consignes demandées par Edgar ne furent pas tenues. Quand Nelly et Catherine eurent rejoint Linton, Nelly comprit que l'état de santé de Linton était mauvais, en plus le jeune homme craignait de plus en plus son père. En partant, elles laissèrent le jeune homme à son désespoir.
 
Une semaine après cette rencontre, la santé d'Edgar se dégrada. Nelly et Catherine choisirent néanmoins de se rendre au rendez-vous. Linton semblait plus craintif encore qu'avant. Catherine offrit un accueil plutôt froid à Linton qui se montra plus suppliant encore : " But leave me and I shall be killed ! Dear Catherine, my life is in your hands." (i.e. "Mais si vous m'abandonnez, vous me tuez !Chère Catherine, ma vie est entre vos mains."). Le groupe fut rejoint par Heathcliff qui terrorisant Linton, parvint à faire venir les deux femmes à Hurle-vent. L'ambiance demeurait extrêmement tendue. De même que Heathcliff haïssait les deux enfants, de même Catherine le haït. Une dispute violente survint entre Heathcliff et Catherine. L'intervention de Nelly en faveur de la jeune fille n'eut aucun effet. Les deux femmes se virent condamnées à rester à Hurle-vent, enfermées dans une des pièces de la maison. Nelly interrogea alors Linton afin de savoir ce que Heathcliff, qui venait de les laisser, était en train de préparer : "Papa wants us to be married." (i.e. " Papa veut que nous nous mariions."). Cette révélation mit en colère Nelly. Linton ne savait que supplier Catherine afin qu'elle acceptât ce mariage. En plus Heathcliff n'ignorait pas que l'absence de Catherine le soir même inquiéterait Edgar, qui lui aussi était mourant.
Le lendemain matin, Heathcliff vint chercher Catherine. Nelly se retrouva seule et n'eut pour seule visite que Hareton qui vint lui apporter à manger. Nelly demeura enfermée cinq nuits et quatre jours.
 
Le matin du cinquième jour, Zillah, la servante de Hurle-vent était de retour à la maison et retrouva avec joie Nelly que la rumeur disait noyée dans les marais des environs. Elle venait d'apprendre que son maître M. Heathcliff avait sauvé Nelly et sa jeune maîtresse. Ce mensonge révolta Nelly.
Nelly dut revenir seule à Thrushcross Grange. Avant de partir, elle demanda des nouvelles de Catherine. Cette dernière était maintenant l'épouse de Linton. Heathcliff continua d'être tyrannique envers son fils qui lui continua d'être lâche.
Nelly trouva Edgar mourant. Elle lui annonça le retour de sa fille, Catherine et lui expliqua la nouvelle situation.
Edgar songea alors à changer sa testament afin que sa fille ne vît pas son héritage tomber entre les mains de Heathcliff à la mort de son fils. Mais M. Green, l'homme de loi à qui l'on avait demandé de se rendre à Thrushcross Grange, n'arrivait pas pour une raison simple, il s'était vendu à M. Heathcliff.
Catherine revint à Thrushcross Grange afin de pouvoir faire ses adieux à son père qui disparaît à l'âge de trente-neuf ans.
Quand M. Green se présenta enfin à Thrushcross Grange, il fit ce que Heathcliff lui avait demandé. Cependant, Nelly veilla à ce que Edgar Linton reposât auprès de son épouse, Catherine.
 
Le soir même des obsèques, Heathcliff vint chercher Catherine à Thrushcross Grange. Désirant louer la propriété, Heathcliff voulait disposer de cette demeure et désirait avoir ses enfants auprès de lui. Catherine répondit à cette exigence avec calme et lucidité :
 " Mr Heathcliff, you have nobody to love you ; and, however miserable you make us, we shall still have the revenge of thinking that your cruelty arises from your greater misery ! " (i.e. " M. Heathcliff, vous n'avez personne pour vous aimer, vous ; et si miserables que vous nous rendiez, nous aurons toujours la revanche de penser que votre cruauté vient de votre misère encore plus grande.").
Avant de quitter la maison, Heathcliff regarda le portrait de la mère de Catherine, déclara qu'il le voulait et raconta ce qu'il avait fait à Nelly : " I got the sexton, who was digging Linton's grave, to remove the earth off her coffin lid, ans I opened it. I thought, once, I would have stayed there, when I saw her face again – it is hers yet – he had hard work to stir me ;but he said it would change, if the air blew on it, and so I struck one side of the cofin loose – and covered it up – not Linton's side, damn him ! I wish he'd been soldered in lead – and I bribed the sexton to pull it away, when I'm laid there, and slide mine out too. I'll have it made so, and then, by the time Linton gets to us, he'll not know which is which !" (i.e. " J'ai fait enlever, par le fossoyeur qui creusait la tombe de Linton, la terre sur son cercueil, à elle, et je l'ai ouvert. J'ai cru un instant que j'allais rester là : quand j'ai revu sa figure – c'est encore sa figure ! – le fossoyeur a eu du mal à me faire bouger ; mais il m'a dit que l'air l'altérerait. Alors j'ai rendu libre un des côtés du cercueil, que j'ai ensuite recouvert ; pas le côté près de Linton, que le diable l'emporte ! Son cercueil, à lui, je voudrais qu'il eût été soudé au plomb. Puis j'ai soudoyé le fossoyeur pour qu'il enlevât ce côté quand je serai couché là, et qu'il fasse subir la même opération à mon cercueil, que je ferai disposer en conséquence. Et alors, quand Linton viendra nous voir, il ne pourra plus s'y reconnaître ! ").
Peu après, Heathcliff et Catherine quittèrent Thrushcross Grange.
 
Nelly fit une tentative de visite à Hurle-vent mais sans succès. Zillah qui n'aimait pas la jeune fille, donna des nouvelles de Catherine à Nelly.
Six semaine avant l'arrivée de M. Lockwood, Nelly apprit que Linton avait été bien malade mais que personne n'avait bougé. Linton mourut. Peu après le décès de son mari, Catherine tomba malade et resta deux semaines dans sa chambre. Le testament de Linton était en faveur de son père.
Hareton faisait tout pour plaire à sa cousine, mais Catherine demeurait distante et sans doute aigrie par les événements de ces derniers jours. Catherine ne chercha la compagnie de personne et ne fit que défier Heathcliff dès que l'occasion se présentait.
Nelly a terminé son récit. M. Lockwood est rétabli mi-janvier. Il veut se rendre auprès de Heathcliff pour annoncer qu'il peut louer la propriété car M. Lockwood regagne Londres pour six mois.
 
M. Lockwood se rend à Hurle-vent avec un billet de Nelly pour Catherine. Cette fois, M. Lockwood prête attention à Hareton. Heathcliff absent, M. Lockwood entre dans la maison en compagnie de Hareton. Catherine toujours aussi distante, prépare le repas. Maladroitement, M. Lockwood remet le billet de Nelly à Catherine. La jeune fille n'a rien pour répondre à Nelly, Heathcliff a détruit le peu qui lui appartenait. Seul Hareton a encore quelques livres qu'il lit encore fort mal. Se souvenant de tout ce que Nelly lui a raconté, M. Lockwood prend la défense du jeune homme. Hareton rapporte quelques livres à Catherine, mais cette dernière se moque encore de lui. Blessé, il jette les livres au feu, ce qui lui coûte pourtant, tout comme à Catherine qui ne bouge pas.
Heathcliff arrive enfin. Après avoir annoncé son départ de Thrushcross Grange à son propriétaire, M. Lockwood est invité à partager le repas par M. Heathcliff. Ce moment se déroule sans aucune convivialité. M. Lockwood part convaincu que dans cette demeure la vie est sinistre.
 
Nous sommes en septembre 1802. M. Lockwood est en visite chez un ami. Apprenant qu'il se trouve dans les environs de Gimmerton, M. Lockwood décide de se rendre à Thrushcroos Grange où il arrive avant le coucher du soleil. Il trouve là une femme accompagnée d'une fillette de neuf ans. Il apprend que Nelly se trouve maintenant à Hurle-vent. Comme rien n'est prêt dans la demeure dont il est encore le locataire, il part se promener.
Il arrive à Hurle-vent à la tombée de la nuit. Dans la salle, un couple est là. Une jeune fille écoute un garçon en train de lire. Il s'agit de Catherine et de Hareton. Les jeunes gens ne l'ayant pas vu, il se rend dans la cuisine où il trouve Nelly en compagnie de Joseph. Nelly est heureuse de revoir M. Lockwood.
Après le départ de Zillah, Nelly est revenue à Hurle-vent. M. Lockwood dit qu'il désire juste régler à Heathcliff les comptes au sujet de la location de Thrushcross Grange. Nelly lui apprend que Heathcliff est mort voilà déjà trois mois.
Quinze jours, après le départ de M. Lockwood, Heathcliff demanda à Nelly de venir à Hurle-vent. Nelly se rendit compte que la jeune fille a changé, même si elle continuait de malmener Hareton, ce qui déplaisait à Nelly. Hareton resta insensible au rapprochement de Catherine. Il y eut cependant réconciliation à laquelle Nelly prit part. Catherine et Hareton sont, à ce jour, sur le point de se marier annonce Nelly.
 
Le lendemain de leur réconciliation, au moment du repas, Heathcliff qui n'était pas encore au courant de cela, se fâcha contre eux. En plus, Joseph vint et demanda ses gages à Heathcliff tout en lui révélant la cause de son départ. Catherine et Hareton avaient enlevé les cassis. Comme Catherine ne se laissa pas faire et trouva les propos qui mirent Heathcliff hors de lui. Après cette violente altercation, M. Heathcliff resta seul .
Catherine avait appris à lire à Hareton qui progressait vite. Heathcliff comprit les deux cousins qui s'entendaient bien. Il se confia à Nelly : "It is a poor conclusion, is it not." […]. "I get levers and mattocks to demolish the two houses, and train myself to be capable of working like Hercules, and when everything is ready, and in my power, I find the will to lift a slate off either roof has vanished ! […] I have lost the faculty of enjoying their destruction, and I am too idle to destroy for nothing." (i.e. "C'est une triste conclusion, n'est-ce pas ? […]. Je prends des leviers et des pioches pour démolir les deux maisons, je m'exerce à devenir capable d'un travail d'Hercule, et quand tout est prêt, à pied d'œuvre, je m'aperçois que la volonté de soulever une seule ardoise de chacun des toits s'est évanouie ! […]. J'ai perdu la faculté de jouir de leur destruction, et je suis trop paresseux pour détruire sans motif.").
 
Heathcliff s'arrangea pour ne plus voir personne dans la maison. Une nuit, en avril, il sortit pour ne revenir que le matin. Chacun perçut ses changements. Cette espèce de bonne humeur inquiéta Nelly qui n'en dit mot. Heathcliff s'expliqua son comportement : " Last night, I was on the threshold of hell. To-day, I am within ight of my heaven – I have my eyes on it – hardly three feet to sever me ! " ( " i.e. " La nuit dernière, j'ai été au seuil de l'enfer. Aujourd'hui je suis en vue de mon ciel. J'ai les yeux fixés dessus : trois pieds à peine m'en séparent ! " ).
Le soir venu, Nelly apporta un souper à Heathcliff, mais elle trouva Heathcliff appuyé sur le rebord de la fenêtre. C'est en approchant avec la bougie qu'elle avait apportée que Nelly eut peur. Elle eut le sentiment d'avoir un fantôme sous les yeux. Ce fut Joseph qui s'occupa donc de Heathcliff.
Le lendemain, Nelly retrouva Heathcliff en bas. Son comportement paraissait toujours aussi étrange : " […] it seemed, exactly, that he gazed at something within two yards distance." (i.e. "[Les] yeux [de Heathcliff] semblaient exactement dirigés vers une chose qui se serait trouvée à deux mètres de lui.").
Heathcliff sortit quelque temps plus tard.
Un autre soir, Heathcliff revint de sa promenade à minuit passé et resta dans la salle en bas ce qui inquiéta Nelly qui vint dans la salle où elle trouva Heathcliff faisant les cent pas, murmurant des propos dont seul le prénom de Catherine était audible. Heathcliff ne s'était rendu pas compte de la présence de Nelly qui attira son attention en faisant du bruit dans la cuisine.
Tiré peu de temps de sa rêverie, Heathcliff demanda qu'on lui allumât du feu, puis il replongea dans ses pensées et demanda que M. Green se rendît à Hurle-vent afin de prendre son testament. Heathcliff resta à la fois heureux et tourmenté.
Heathcliff rappela comment il souhaitait être enterré.
Il voulut la compagnie de Nelly dans la salle, mais par peur, Nelly refusa. Le soir, il alla dans la chambre de Catherine où M. Lockwood avait dû dormir l'année précédente. Il mourut dans la nuit.
Hareton, malgré les mauvais traitements dus à Heathcliff, souffrit de la disparition de son oncle et la veilla en pleurant.
Il fut enterré selon sa volonté, ce qui scandalisa le voisinage. On dit que Catherine et lui sont devenues des fantômes et qu'ils se trouvent parfois sur la lande.
Catherine et Hareton iront à Thrushcross Grange après leur mariage.
Après avoir quitté Nelly, M. Lockwood se rendit au cimetière sur les tombes offertes à la nature.
 
 
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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 12:39

M. Lockwood dût rester à la maison jusqu'au printemps. Pendant sa convalescence, il reçut la visite de M. Heathcliff qui resta une heure à son chevet.

Alors qu'il était encore alité, Mme Dean, sur la demande de M. Lockwood vint continuer son récit.
Heathcliff fut absent trois ans. Personne ne sut ce qu'il avait fait pendant toutes ces années.
La vie s'écoulait tranquillement à Thrushcross Grange. Un soir de septembre, pourtant, Nelly fut interpellé par M. Heathcliff qui désirait voir Catherine. Nelly apprit à sa maîtresse qu'un visiteur souhaitait la voir. Si la mari de Catherine fut peu enthousiaste de cette visite, Catherine éprouva une joie immense de revoir Heathcliff totalement métamorphosé par ces années d'absence.
Il resta peu de temps lors de cette première visite. Il apprit à Nelly qu'il logeait à Wuthering Heights auprès de M. Earnshaw, le frère de Catherine.
M. Heathcliff rendit visite régulièrement à Catherine. Isabelle Linton âgée, de dix-huit ans, tomba amoureuse de M. Heathcliff. Cela rendit la jeune fille irritable, persuadée que Catherine faisait tout pour la séparer de sa compagnie. Le conflit entre Isabelle et Catherine au sujet de Heathcliff devint inévitable.
Isabelle avoua qu'elle aimait Heathcliff. Malgré la mise en garde de Catherine, Isabelle refusa de croire sa belle-sœur.
Lors de la visite suivante de Heathcliff, Catherine sur un ton à la fois cruel et enjoué fit part à Heathcliff des sentiments qu'Isabelle éprouvait à son égard. Cette révélation lui permit de mettre à exécution son plan.
 
Nelly fit une visite à Wuthering Heights. Hareton avait bien changé en dix mois. Elle ne put voir Hindley Earnshaw.
Quand Heathcliff revint à Thrushcross Grange, il trouva Isabelle toute seule. Il lui parla et l'embrassa sous les yeux de Nelly, indignée. Catherine demanda à Heathcliff de laisser sa belle-sœur, rien n'y fit. L'intervention d'Edgar n'eut pour effet que de compliquer les choses. Heathcliff parvint à quitter les lieux en ayant ridiculisé Edgar et semé le trouble. Catherine se disputa avec son mari et s'enferma deux jours durant dans sa chambre.
Edgar mit sa sœur en garde. Si elle cédait aux avances de M. Heathcliff, tous liens de famille seraient rompus.
 
Trois jours plus tard, Catherine se montra. Elle était toujours tourmentée et se mit à délirer. Edgar se rendit au chevet de Catherine tandis que Nelly partit chercher le médecin de famille, le Docteur Kenneth. En chemin, elle trouva la chienne d'Isabelle suspendue à un mouchoir. Elle rendit la liberté à l'animal, maltraité par Heathcliff comme elle l'apprit ensuite.
Le docteur Kenneth fut rencontré en chemin, il raconta à Nelly qu'Isabelle Linton se promenait avec Heathcliff. Tous deux seraient sur le point de s'enfuir. Si Nelly douta de cela, sa visite dans la chambre d'Isabelle lui confirma que la jeune fille était bien partie. Elle attendit quelque temps avant d'annoncer cette nouvelle à Edgar Linton. Lorsque il l'apprit, il n'essaya même pas de retrouver sa sœur. Peu après Nelly fut chargée de porter les affaires d'Isabelle dans sa nouvelle demeure.
 
L'absence d'Isabelle et de Heathcliff fut de deux mois. Catherine, enceinte, poursuivit sa convalescence jusqu'en juin.
Six semaines après son départ, Isabelle envoya une lettre à son frère pour l'informer de son mariage. Deux semaines plus tard ce fut Nelly qui reçut une lettre d'Isabelle. Le désarroi de la jeune mariée était grand. Le quotidien à Hurle-vent était sombre et lugubre : l'enfant de Hindley Earnshaw, Hareton, était presque devenu un animal, le frère de Catherine était proche de la folie. Isabelle dit avoir eu connaissance de la maladie de Catherine.
 
Après avoir reçu cette lettre, Nelly fit une visite à Wuthering Heights. Nelly fut attristée par la vie à laquelle étaient confrontés les habitants de la maisonnée. Nelly donna des nouvelles de Catherine à Heathcliff. Celui-ci parla des sentiments qui l'unissaient à Catherine.
Isabelle était devenue une souillon, elle qui fut si belle et propre. Isabelle avait enfin compris que Heathcliff ne l'aimait pas. Après avoir fait sortir Isabelle de la pièce, Heathcliff demanda à Nelly de lui permettre de voir Catherine seul à seul. L'arrivée du docteur Kenneth pour soigner M. Lockwood met fin au récit de Mme Dean.
 
M. Lockwood reprend le récit que Mme Dean lui a fait.
Heathcliff rôdait autour de la maison, mais Catherine n'avait toujours pas sa lettre entre les mains. Nelly attendit en effet qu'Edgar fut parti pour la lui remettre et ne put le faire que trois jours plus tard. Par un bel après-midi, tandis qu'elle était plongée dans ses pensées, Nelly donna la lettre de Heathcliff à Catherine. Toutefois, Nelly fut obligée d'aider la jeune fille à comprendre la finalité de cette missive. Heathcliff qui se trouvait à l'extérieur de la maison, se permit d'entrer afin de voir la jeune femme qui était en compagnie de Nelly seulement.
Heathcliff tint et embrassa Catherine, mais après cette effusion, la jeune femme s'exprima :
" You and Edgar have broken my heart, Heathcliff ! And you both come to bewail the deed to me, as if you were the people to be pitied ! " ( i.e. "Edgar et vous m'avez brisé le cœur, Heathcliff ! Et tous deux vous venez vous lamenter auprès de moi, comme si c'était vous qui étiez à plaindre ! " ). L'émotion qu'ils éprouvaient l'un l'autre fut intense. Ils se dirent leurs sentiments, se firent tout de même quelques reproches et pleurèrent. Tout ceci a fortement éprouvé Catherine. Comme le reste de la maisonnée devait bientôt revenir, Heathcliff se devait de partir. Mais Catherine le serrait tellement fort qu'il ne parvint à desserrer son étreinte qu'après son évanouissement. Il quitta alors Thrushcross Grange.
 
Cette même nuit, naquit à sept mois, l'enfant de Catherine et d'Edgar. Elle reçut le prénom de sa mère qui mourut peu après la naissance de sa fille. Dans la mort, Catherine offrait un visage enfin apaisé.
Nelly sachant que Heathcliff se trouvait dans les abords de la maison, alla l'informer de la mort de Catherine. La colère et la rage de Heathcliff sont immenses : " Catherine Earnshaw, may you not rest, as long as I am living ! You said I killed you – haunt me then ! " ( i.e. " Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrai ! Tu dis que je t'ai tuée, hante-moi, alors ! " ). Nelly abandonna Heathcliff selon son souhait.
Catherine fut enterrée le vendredi suivant son décès. Heathcliff parvint à lui faire ses adieux avant sa mise en terre, seule Nelly remarqua son passage dans la maison des Linton.
Catherine repose désormais dans un coin du cimetière où aucune pierre tombale n'indique son nom.
 
Bien que le printemps fût là depuis trois semaines, le mauvais temps fit son retour.
Nelly s'installa avec le nourrisson dans le salon dont elle fit une chambre.
Peu après, une personne que Nelly ne reconnut pas tout de suite entra dans la maison. C'était Mme Heathcliff, la sœur d'Edgar Linton, qui demandait à pouvoir se rendre au plus vite à Gimmerton. Nelly chercha à comprendre ce qui se passait. Isabelle dit à quel point elle détestait maintenant Heathcliff. Une dispute plus brutale que les autres avait eu lieu, elle fut suivie le lendemain même d'une autre. C'est à l'issue de cette nouvelle dispute dans laquelle Heathcliff fut blessé qu'Isabelle choisit de se sauver de Hurle-vent.
Isabelle Heathcliff parvint à quitter la région et s'installa dans les environs de Londres où elle mit au monde un fils nommé Linton à la santé fragile et au caractère irritable.
Heathcliff tenta auprès de Nelly d'obtenir des informations sur le lieu où résidait Isabelle, en vain. Il apprit cependant où elle habitait.
Nelly parla de la visite d'Isabelle à Edgar. Ayant appris le départ de sa sœur de Hurle-vent, Edgar s'isola du reste du monde et ne vécut plus que sur ses terres. Il s'attacha à sa fille.
Hindley Earnshaw mourut six mois après sa sœur, Catherine. Ce fut le docteur Kenneth qui vint l'annoncer à Nelly car tous deux avaient le même âge, à savoir vingt-sept ans.
Nelly demanda l'autorisation de se rendre à Hurle-vent afin d'aider à la préparation des obsèques. La succession fut rapide. Heathcliff devenait propriétaire de la demeure car Hindley endetté, n'avait pu la conserver pour la transmettre à son fils Hareton Earnshaw. Ce dernier devait rester à Hurle-vent auprès de son oncle qui le gardait sous prétexte qu'il ne pouvait avoir son propre fils à ses côtés. Hareton vit d'ailleurs toujours là-bas, spolié de l'héritage de son père.
 
Douze ans passèrent ainsi. Catherine grandit et devint une jolie personne. Elle avait un tempérament différent de sa mère et vivait dans l'ignorance de Hurle-vent et de l'histoire familiale qui unissait les deux maisons.
Sur le point de mourir, Isabelle écrivit à son frère. Elle voulait régler ses affaires avant de disparaître et donner la garde de son fils à son frère. Edgar se rendit auprès d'elle.
Edgar ne partit pas sans laisser quelques consignes à Nelly au sujet de Catherine. Il fut absent trois semaines.
Cependant un jour, Catherine parvint à aller jusqu'à Hurle-vent où Heathcliff ne se trouvait pas. Catherine fit la connaissance de Hareton âgé de dix-huit ans. La jeune fille ignorait que le jeune homme était aussi son cousin.
Nelly fit promettre à Catherine de ne rien dire au sujet de son passage à Hurle-vent.
 
Edgar annonça, par courrier, son retour avec son neveu. Ce dernier était " a pale, delicate, effeminate boy, who might have been taken for my master's younger brother, so strong was the resemblance ; but there was a sickly peevishness in his aspect, that Edgar Linton never had." (i.e. " un garçon pâle, délicat,efféminé, qu'on aurait pu prendre pour le jeune frère de mon maître, tant était forte la ressemblance ; mais il y avait dans son aspect une irritabilité maladive qu'Edgar Linton n'avait jamais eue.").
Edgar Linton doutait de pouvoir garder longtemps son neveu à ses côtés. D'ailleurs, Joseph fut envoyé le jour-même, par M. Heathcliff pour récupérer le jeune homme. Edgar répliqua que Heathcliff aurait son fils le lendemain mais que sa mère avait souhaité qu'il restât avec Edgar, son oncle.
 
 
Le lendemain, tôt, Nelly emmena Linton à Hurle-vent. Ce dernier ignorait l'existence de son père et n'avait aucune envie de se rendre auprès de lui. Nelly lui donna les explications demandées. L'accueil ne fut pas chaleureux mais moqueur. Heathcliff dit à Linton qu'il était son père et critiqua vivement la mère de l'enfant, sa femme. Heathcliff révéla qu'elles étaient ses intentions à l'égard de son fils :
 " My son is prospective owner of your place, and I should not wish him to die till I was certain of being his successor. […]. That is the sole consideration which I can make me endure the whelp – I despise him for himself, and hate him for the memories he revives !" (i.e. "Mon fils est l'héritier présomptif de la Grange , et je ne désire pas qu'il meure avant que je sois assuré de recueillir sa succession. […]. C'est la seule considération qui puisse me faire supporter ce petit drôle ; je le méprise en lui-même et je le hais pour les souvenirs qu'il me rappelle ! " ). Peu après avoir entendu ses propos, Nelly dut partir laissant ainsi l'enfant totalement désespéré.
 
Catherine fut un temps perturbée par l'absence de son cousin, puis les jours passant, elle oublia. Nelly parvenait à avoir des nouvelles de Linton par la femme de charge de Hurle-vent. Linton, détesté par son père qui le voyait peu, resta un être fragile que l'isolement rendit égoïste et désagréable. Il ne parvint même pas à s'entendre avec Hareton qui était pourtant son cousin.
Le jour de ses seize ans, le 20 mars 1800, Catherine et Nelly firent une promenade et rencontrèrent Heathcliff. Ce dernier réprimandait Catherine qui se trouvait sur ses terres. Heathcliff fit comme s'il ignorait l'identité de la jeune fille alors que Nelly avait compris son jeu. Après avoir un peu discuté, Heathcliff invita les deux femmes à venir se reposer de leur marche à Hurle-vent. Malgré les réticences de Nelly, Heathcliff arriva à ses fins, ce qui mit en colère Nelly. D'autant plus que les intentions de Heathclifff étaient claires. Il souhaitait que son fils et Catherine tombent amoureux et se marient. Ainsi à la mort de son fils dont la santé était plus que fragile, Heathcliff deviendrait l'héritier de son fils, sa belle-fille n'ayant aucun droit sur la succession de son futur mari.
Linton qui avait le même âge que Catherine, a grandi. Les deux cousins semblèrent heureux de se retrouver. Catherine s'interrogea alors sur les raisons qui avaient pu empêcher les deux familles de se voir. Heathcliff donna sa version. Le père de Catherine et Heathcliff s'étant querellé autrefois au sujet d'Isabelle, la sœur de son père, tout lien familial avait été rompu, c'est pourquoi Catherine ne devait rien dire de cette visite à son père. Catherine ne parvint pas à croire que Hareton pusse être son cousin, le neveu de sa défunte mère.
Nelly et Heathcliff évoquèrent le passé. Heathcliff parla de Hareton à qui il faisait payer toutes les misères qu'il avait dû subir de la part de son père quand Heathcliff était encore un enfant. Il était heureux d'avoir surpassé Hindley Earnshaw en cruauté.
Tandis qu'ils étaient ensemble, Linton apprit à Catherine que Hareton ne savait pas lire.
Nelly et Catherine revinrent à la Grange où leur absence ne fut pas remarquée.
Persuadée que son oncle était un homme bon, Catherine ne dit rien de cette visite à son père, mais le lendemain elle lui raconta tout. Bien que son père racontât la cruelle vérité, Catherine n'en crut rien. Elle trouva un moyen de communiquer avec Linton grâce au laitier qui se rendait chaque jour chez eux. Lorsque Nelly découvrit cela, elle n'en dit rien à Edgar Linton mais fit cesser cette correspondance. Catherine croyait aimer Linton.
 

FIN DE LA DEUXIEME PARTIE

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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 20:21

Est-il nécessaire de présenter ce roman anglais qui a déjà été adapté maintes fois au cinéma ? La dernière adaptation, tournée en 2004, est italienne. L'un des acteurs principaux en est Alessio Boni.

 
Ecrits en 1846, publiés l'année suivante sous le pseudonyme d'Ellis Bell, Wuthering Heights (Les hauts de Hurle-vent) restent le seul roman d'Emily Brontë (qui écrivit aussi de la poésie). L'auteur disparaît à l'âge de trente ans le 19 décembre 1848, emportée par la tuberculose, sans avoir pu bénéficier de la renommée de son oeuvre.
 
Le titre du roman permet, sans en lire une ligne, de deviner quelle sera l'atmosphère de l'histoire racontée. "Wuthering" est, en effet, une variante du mot dialectal, "whither", d'origine écossaise qui évoque une tempête tournant autour de la maison du personnage principal et symbolise ainsi le décor sonore du roman.
 
Si le roman s'ouvre sur l'année 1801 pour s'achever en 1802, il rapporte, en fait, des événements qui ont eu lieu après 1750. Ce sont là les seules références liées à l'histoire. Emily Brontë n'évoque aucun événement historique ou économique ( n'oublions pas que la vengeance de Heathcliff est aussi basée sur la spoliation des biens immobiliers des familles Earnshaw et Linton) qui pourrait être contemporain de ses personnages. Nous sommes perdus loin des grandes villes – seules Liverpool (d'où viendra le mal sous la personne de Heathcliff) et Londres (où logeront Isabelle Heathcliff et son fils Linton) sont évoquées - dans un paysage qui semble magnifique mais tourmenté et où le temps n'est que vent, pluie et neige.
 
M. Lockwood, qui ouvre et clôt le roman, est le premier narrateur de ce roman, et ce , jusqu'au chapitre IV. Il devient pendant sa longue convalescence, l'auditeur unique de cette histoire familiale rapportée par Hélène Dean, l'une des seuls témoins de tous ces événements, ( les autres narrateurs étant pour de courts moments, Isabelle Linton, la jeune Catherine et la servante Zillah ). Grâce à Hélène Dean, surnommée aussi Nelly, le lecteur mais aussi M. Lockwood apprennent l'histoire de ces deux familles au destin tourmenté, après l'arrivée en 1771 d'un jeune garçon nommé Heathcliff.
 
L'histoire :
1801, M. Lockwood, le narrateur vient de rendre visite à son propriétaire, M. Heathcliff à qui il loue Thrushcross Grange. L'accueil a été plutôt froid. Joseph, qui a pris en charge son cheval, semble être, selon le narrateur, le seul domestique de la maisonnée. Il n'est d'ailleurs pas plus sympathique que son maître. "Wuthering Heights" sont le nom de cette demeure exposée par temps d'ouragan aux vents du Nord. Le paysage en porte d'ailleurs les traces : " one may guess the power of the north wind, blowing over the edge, by the excessive slant of a few stunted firs at the end of the house." (i.e. " la force avec laquelle le vent du nord souffle par-dessus la crête se devine à l'inclinaison excessive de quelques sapins rabougris plantés à l'extrémité de la maison ").
Avant d'entrer dans la maison, le narrateur remarque la date "1500" et le nom de " Hareton Earnshaw", mais n'ayant pas été reçu de façon engageante, il ne demande aucune information et entre dans ce qui est communément appelé " the house" (i.e. " la maison "). Cette pièce de réception offre un contraste saisissant avec son propriétaire, M. Heathcliff.
En l'absence, pourtant fort courte, du maître, M. Lockwood fait la connaissance de la chienne et de ses petits tout aussi antipathiques que les gens de la demeure. Heureusement, Zillah, la servante met fin à cette révolution canine.
 
M. Lockwoood rend, une fois encore, visite à son propriétaire lors d'un après-midi brumeux et froid. Les premiers flocons tombent quand il est accueilli par un jeune homme. A peine entré, il remarque " the " missis", an individual whose existence [he] had never previously suspected." (i.e. "" la maîtresse", personne dont [il] n'avai[t] pas encore soupçonné l'existence."). Mais la jeune femme distante parle bien peu.
M. Heathcliff arrive enfin dans une ambiance glaciale que le narrateur tente de changer. Hélas, il ne cesse de se tromper dans les liens familiaux qui unissent les différents personnages. M. Heathcliff corrige ses hypothèses. La jeune femme est la belle-fille de M. Heathcliff qui a épousé son fils disparu depuis. Le jeune homme dit s'appeler Hareton Earnshaw.
La neige qui continue de tomber, inquiète M. Lockwood qui se demande à voix haute comment rentrer chez lui, mais sa détresse n'intéresse personne. D'ailleurs qui pourrait le raccompagner ? Ils ne sont que cinq dans la maison lui explique la jeune femme.
L'indifférence de ses hôtes finit par mettre en colère M. Lockwood, mais cette dernière lui joue des tours et il se voit forcer de passer la nuit à Hurle-vent avec des gens peu agréables.
 
Grâce à Zillah, M. Lockwood est conduit dans une chambre dont l'accès reste interdit et au sujet de laquelle M. Heathclif a des idées plutôt bizarres que la servante ne peut expliquer. Installé dans la chambre, le narrateur remarque sur le rebord de la fenêtre des livres et des inscriptions qui répètent le même nom "Catherine Earnshaw, […] Catherine Heathcliff, […] Catherine Linton."
Après avoir trouvé et lu quelques lignes rédigées par Catherine, la narrateur réalise que cette femme était très liée à M. Heathcliff qui était détesté par le frère de Catherine. Cette lecture faite, le narrateur s'assoupit et rêve de façon désagréable, mais il sort de cette léthargie et réalise que c'est une branche de sapin cognant contre la fenêtre qui est cause de ce mauvais moment. Ce rêve à peine terminé, il replonge dans un autre rêve qui tourne rapidement au cauchemar. Il se trouve en présence de Catherine Linton qui lui demande de la laisser entrer. Voilà vingt ans qu'elle erre dans la lande, elle veut revenir chez elle. Terrorisé par ce fantôme, M. Lockwood pousse un cri, ce qui provoque l'arrivée rapide de M. Heathcliff. Le trouble dont souffre son hôte, après avoir entendu le récit du rêve de M. Lockwood surprend ce dernier.
M. Lockwood parvient enfin à quitter la demeure pour retourner à Thrushcross Grange où il est bien reçu. On le croyait perdu à cause de cette tempête.
 
Alors que Mme Dean apporte le souper, M. Lockwood lui demande des informations au sujet de ses voisins. Mme Dean explique qu'elle est dans cette demeure-ci depuis dix-huit ans. Elle a suivi ainsi sa maîtresse qui venait de se marier. M. Lockwood apprend que Mme Heathcliff est la fille de son défunt maître, Edgar Linton et que Hareton Earnshaw est le cousin de la jeune fille, c'est-à-dire le fils du frère de sa propre mère. M. Heathcliff avait épousé la sœur de M. Linton.
Ensuite, après s'être installée, Mme Dean, nouvelle narratrice de l'histoire, raconte ce qui est arrivé voilà bien des années dans les deux maisons. La mère de Mme Dean, a élevé M. Hindley Earnshaw, le père de Hareton. Enfant, Mme Dean jouait avec les enfants de la maison, à savoir Hindley, l'aîné et Catherine sa sœur.
Au début de l'été, M. Earnshaw, le vieux maître de la maison, partit à pied pour affaires à Liverpool. Il proposa à ses deux enfants de leur rapporter à chacun un présent pourvu qu'il fût facilement transportable. Trois jours plus tard, vers onze heures du soir, le maître revint très fatigué accompagné seulement par " a dirty, ragged, black-haired child ; big enough both to walk and talk " ( i.e. " un enfant malpropre, déguenillé, aux cheveux noirs, assez grand pour marcher et parler.")
L'épouse accueillit l'enfant avec réticence. Il reçut le prénom d'Heathcliff, enfant du couple mort en bas âge quelques années auparavant. Le garçon s'entendait bien avec Catherine, mais était souvent victime d'injustice de la part de Hindley, le frère de Catherine. La mère resta indifférente au sort de cet orphelin qu'elle n'avait jamais aimé. Elle disparut deux ans après l'arrivée d'Heathcliff. M. Earnshaw souvent révolté par l'attitude de son fils envers Heathcliff, le prit en affection. Mme Dean découvrit petit à petit qui était cet orphelin qui se plaignait peu, mais qui se montra par la suite vindicatif.
 
Le maître de maison vieillissant supportait de moins en moins le traitement infligé à Heathclif. C'est pourquoi, Hindley fut envoyé au collège. Un calme relatif revint à la maison, car Catherine et Joseph étaient souvent en conflit. En plus Catherine " put all of us past our patience fifty times and oftener in a day." (i.e. " mettait à bout la patience de tous cinquante fois et plus par jour."). Un soir d'octobre, le maître mourut paisiblement parmi les siens.
 
Quand Hindley revint pour les funérailles de son père, il était marié. Personne ne connaissait l'origine de cette femme à la santé visiblement fragile. Hindley Earnshaw avait bien changé depuis ses trois années d'absence. Sa femme, Frances, malgré ses efforts ne parvint jamais à se faire accepter par Catherine.
Hindley fit de Heathcliff un valet de ferme, ce que ce dernier supporta assez bien tant que Catherine et lui continuèrent d'être ensemble. D'ailleurs pourvu qu'il ne les vît pas, Hindley les laissait agir à leur guise.
Un soir pourtant, alors que Catherine et Heathcliff étaient ensemble dans les environs, un incident survit rapporté par Heathcliff. Lui et Catherine avaient décidé de se rendre à Thrushcross Grange, domaine situé à quelques pas de Hurle-vent, afin d'observer les deux enfants Linton, Edgar et Isabelle. Catherine fut sévèrement mordue par le chien de la maison. Elle est recueillie par la famille Linton qui refusa de recevoir Heathcliff qui revint seul à contre-cœur à Hurle-vent.
Le lendemain, M. Linton, le père des deux enfants, vint faire la leçon à Hindley Earnshaw. Dorénavant Catherine et Heathcliff n'eurent plus le droit d'agir selon leur humeur.
 
Après cinq semaines passées à Thrushcross Grange, Catherine revint chez elle. Elle avait beaucoup changé et était joliment habillée. Tout l'opposait à ce moment-là à Heathcliff, sale. D'ailleurs il resta à l'écart quelque temps. Il accepta la proposition de Mme Dean qui lui rendit meilleure figure avant l'arrivée des enfants Linton qui devaient passer l'après-midi avec Catherine. Hélas, Heathcliff se vit privé de ce moment par Hindley, ce qui attrista Catherine. C'est à partir de ce moment que Heathcliff décida de se venger, peu importe le temps nécessaire pour parvenir à ses fins.
Mme Dean interrompt son récit pour le reprendre rapidement.
 
En juin 1778, naît le premier enfant de Frances et Hindley. Nelly, Mme Dean dut l'élever car la mère mourut peu après la naissance de l'enfant. Hindley fut inconsolable de cette disparition. Le frère de Catherine sombra doucement dans la déchéance et délaissa rapidement son fils. Tout ceci fit le bonheur de Heathcliff. Seul Edgar Linton vint encore à Hurle-vent. Lui et Catherine tombèrent amoureux.
 
Un soir tandis que Nelly s'occupait du petit Hareton et que Heathcliff silencieux se trouvait allongé sur la banquette, Catherine se confia à Nelly. La jeune femme, âgée de vingt-deux ans, annonça qu'elle venait d'accepter la demande en mariage d'Edgar Linton. Après quelques questions judicieuse de Nelly, Catherine finit par faire part de son malaise et de la complexité de ses sentiments. Tout en avouant combien elle aimait Heathcliff, elle dit aussi que : " It would degrade [her] to marry Heathcliff, now." (i.e. " Ce serait [se] dégrader [elle]-même, maintenant, que d'épouser Heathcliff."). Heathcliff qui n'a entendu que la seconde partie de ce discours, quitta le plus discrètement possible la pièce. C'est à ce moment précis que Nelly se rendit compte de la présence du jeune homme.
Nelly avoua à Catherine que Heathcliff avait dû entendre une bonne partie de ses propos. Cette révélation angoissa beaucoup Catherine d'autant plus que Heathcliff resta introuvable. C'est pourquoi, Catherine décida d'attendre Heathcliff dehors. Alors que l'orage grondait, Catherine resta sous la pluie, pendant vingt minutes. Lorsqu'elle revint à la maison, elle ne se changea pas et prit froid.
Après une dispute avec son frère au sujet de Heathcliff, Catherine tomba malade et devint une fois guérie plus insolente et irascible qu'avant.
Heathcliff disparut de la vie de Catherine et des siens. Que devint-il ? Que fit-il ? Nul ne le sut.
Catherine épousa Edgar trois ans plus tard. Nelly suivit sa maîtresse à Thrushcross Grange et laissa à son sort et à contre-cœur le jeune Hareton âgé de cinq ans à Wuthering Heights.
Mme Dean arrête, une fois encore, son récit.

FIN DE LA PREMIERE PARTIE

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