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Bienvenue sur ce blog !
 
Vous allez pouvoir plonger dans le monde des Lettres. Comme il n'est pas de littérature, quels que soient le pays et l'époque, hors du temps, vous pourrez aussi trouver des points de repères dans différents domaines : histoire, peinture, sculpture, musique, architecture, et tant d'autres encore…
 
Une place accordée aux nouveautés de tous pays ne fera pas oublier les textes plus anciens, voire très anciens. Vous pourrez découvrir ou redécouvrir non seulement les textes de l'Antiquité mais aussi ceux du Moyen Age. Les époques suivantes ne sont pas laissées de côté. Au milieu des textes devenus des classiques –comme le veut la formule- vous ferez peut-être d'heureuses découvertes… Vous voyagerez, je l'espère, ici et là dans des univers auxquels vous n'aviez pas encore songé…
 
Vous trouverez aussi des informations sur la langue française. Il ne s'agit pas d'un travail universitaire, mais simplement d'éléments qui permettent de rendre compte des différents états d'une langue.
 
Si vous avez envie de poursuivre, alors venez papillonner et j'espère que vous trouverez votre bonheur et que l'envie de lire sera au rendez-vous !
 
Je vous invite à partager tout cela !

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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 10:07

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La rencontre entre la reine et le président de la République avait été décevante. Ce dernier ne savait rien au sujet de Jean Genet. Le ministre des Affaires étrangères n'avait guère été plus brillant. Mais le président avait évoqué, assez longuement, Proust, si bien que, pendant les vacances d'été à Balmoral, la reine emporta À la Recherche du temps perdu et "la biographie de Proust par George Painter."

 

Bien que l'été fusse "infect, aussi froid et pluvieux," il fut agréable à la reine grâce à la lecture de Proust.

Durant l'été, comme l'étiquette l'exigeait, la reine reçut le Premier ministre et son épouse dans la résidence royale. Au lieu de promenades dans la lande, comme il l'espérait, le Premier ministre n'eut que des têtes à têtes avec son épouse, la reine se retirant pour lire.

 

Au bout de quatre jours, le Premier ministre trouva un prétexte afin de quitter les lieux. De retour à Londres, le Premier ministre demanda "à son conseiller particulier d'aller trouver sir Kevin. Ce dernier se montra compatissant, tout en soulignant que pour l'instant Norman était un fardeau qu'ils se voyaient tous contraints de supporter." Ces propos ne suffirent pas au conseiller du Premier ministre. Sir Kevin comprit rapidement ce que le conseiller du Premier ministre exigeait : Norman devait quitter le poste qu'il occupait auprès de la reine.

 

Lorsque la reine effectua son voyage au Canada, Norman ne l'accompagna pas mais prépara une caisse de livres. Lors de ses longs trajets en train au Canada, elle pourrait donc lire. Mais sir Kevin expédia volontairement la caisse de livres dans une mauvaise direction. Ce fait irrita la reine qui ne put s'adonner à sa passion.

 

Cependant le voyage offrit l'occasion à la reine de rencontrer la romancière Alice Munro au cours d'une réception. La romancière envoya quelques-uns de ses romans à la souveraine. Puis "une carte postale fut immédiatement expédiée à Norman, pour lui demander de se procurer à la bibliothèque les deux ou trois titres actuellement épuisés." Mais Norman n'était plus là et la reine l'ignorait.

 

Avant qu'il ne parte en vacances dans sa famille, Norman "fut convoqué dans le bureau de sir Kevin." Ce dernier avait la tâche de le virer puisque le conseiller du Premier ministre l'avait exigé. Sir Kevin, qui détestait aussi le conseiller du Premier ministre, trouva une solution habile : la reine voulait que le jeune homme suive des cours à l'université d'East Anglia. Mais Norman comprit très bien qu'il n'avait pas le choix.

 

La reine constata le départ de Norman dès son retour du Canada.

 

Norman écrivit à la reine. Quand il reçut sa réponse, Norman comprit "qu'il avait été définitivement écarté" sans savoir qui l'avait décidé. Par contre la reine comprit rapidement qui avait été à l'origine du départ de Norman, mais cela ne la poussa pas à arrêter ses lectures.

 

La reine, avant le départ de Norman, "s'était demandé si elle ne l'avait pas dépassé… du moins en ce qui concernait la lecture." D'ailleurs, elle lisait ce dont elle avait envie ne se laissant plus toujours conseiller par Norman, dont elle avait perçu les préférences pour les auteurs gays, "d'où la découverte de Genet."

 

Comme elle ne pouvait plus s'entretenir avec Norman, la reine "s'entretenait désormais davantage avec elle-même et notait de plus en plus souvent ses réflexions. Son nombre de carnets augmenta donc rapidement. Le rythme de ses lectures perdura. Non seulement elle commandait des livres dans les librairies mais aussi elle lisait les ouvrages qui se trouvaient dans ses propres bibliothèques.

 

"La vie de la famille royale poursuivait parallèlement son cours bien rodé." Il en allait de même pour les déplacements. La reine lisait durant ses trajets. Toutefois, les officiers du palais avaient de plus en plus de mal à maintenir le "bon déroulement de la représentation," car la reine "ne se livrait plus à ces petits apartés soi-disant spontanés dont elle était coutumière." L'un de ses officiers lui déclara un jour qu'elle avait été moins spontanée, ce qui ne heurta pas du tout la reine.

 

L'attitude de la souveraine engendra de nombreuses questions parmi les officiers du palais, l'un pensait que la reine avait la maladie d'Alzheimer car il avait aperçu la reine plusieurs fois en train de prendre des notes, un autre estimait que son indifférence augmentait "pour tout ce qui relevait des apparences," ce qui ne pouvait que conduire au pire.

 

La reine était, de toute façon, en bonne santé, mais était moins attentive à ce qu'elle pouvait avoir porté dans la journée. D'ailleurs, "l'attitude de ses domestiques commença à se relâcher. Il leur arrivait maintenant d'afficher une désinvolture que la reine n'aurait jamais tolérée jadis."

 

Jusqu'où jour où son habilleuse osa dire que la reine ne semblait plus se soucier de son apparence vestimentaire. La réponse de la reine inquiéta l'habilleuse qui estima que la souveraine était malade.

 

Alors qu'il ne la rencontrait qu'une fois par semaine, le Premier ministre ne remarqua pas l'absence du "renouvellement de ses tenues ou de ses boucles d'oreilles."

Tous deux commencèrent, pour des raisons différentes, à trouver leurs rencontres ennuyeuses, chacun abordant le même sujet de façon très différente. Finalement, le conseiller particulier du ministre appela sir Kevin. Le conseiller se montra très vif : les livres prêtés par la reine contrariaient le Premier ministre. C'est pourquoi, sir Kevin était changé de trouver une solution. Sir Kevin ne rapporta pas ses propos à la reine et se contenta de rendre visite à sir Claude.

 

Cet homme, âgé de 90 ans, résidait à Hampton Court. Il était entré au service de la famille royale, alors qu'il avait dix-huit ans. Il connaissait donc bien les membres de la famille royale, même s'il était retiré des affaires depuis longtemps, il était fréquemment consulté.

 

Sir Kevin expliqua la situation à sir Claude. D'abord, ce dernier ne sut que répondre, puis il proposa de se rendre auprès de la reine.

 

Sir Kevin annonça donc à la reine que sir Claude désirait la voir. Elle le reçut donc. La reine observa cet homme tandis qu'il réfléchissait à la façon d'amener le sujet. Il parla alors de ses lectures, mais cette conversation ne menait à rien. Le silence s'installa, ce qui permit à sir Claude de s'endormir. La reine ne dit rien puis finit par laisser échapper son petit carnet. La reine changea de sujet et demanda à sir Claude où il en était dans la rédaction de ses mémoires. Sir Claude, afin d'éviter d'autres questions, demanda à la reine si elle n'avait jamais songé à écrire. Elle mentit puis elle décida de mettre fin à cette conversation.

 

Dès que sir Claude fut parti, la reine se rendit au jardin mais revint bien vite dans son bureau, car elle avait oublié son carnet que l'officier du palais venait de ramasser.

 

Les propos de sir Claude n'eurent que peu d'effet, même si la reine y songea lors du concert auquel elle assista le soir même après cet entretien.

 

De retour au palais, après le concert, elle ne trouva point le sommeil. Elle lut l'histoire des Brontë qui ne l'apaisa pas. Elle chercha un autre ouvrage et prit l'ouvrage d'Ivy Compton Burnett qu'elle avait reçu de M. Hutchings, l'homme du bibliobus.

Alors que quelques mois plus tôt, elle avait trouvé ce roman soporifique, elle apprécia de le relire et se dit que "la lecture fonctionnait comme un muscle qu'elle avait fini par exercer." Elle finit par éteindre sa lampe puis réfléchit à la finalité de la lecture et de l'écriture. Elle réalisa que "lire n'était pas agir, c'était depuis toujours le problème."

 

Les semaines suivantes, la reine ne lut presque plus. Toutefois, elle restait pensive et passait de longues heures à son bureau. Elle complétait ses carnets avec de nouveaux commentaires, tout en sachant qu'écrire serait aussi mal perçu que lire. Pourtant quelques-uns l'encouragèrent dans cette voie.

 

Dans les bibliothèques, la reine consulta les archives relatives aux nombreuses visites qu'elle avait faites, cherchant "simplement à [se] souvenir de quoi tout cela pouvait bien avoir l'air."

 

"Comme l'ensemble du palais royal, sir Kevin" était heureux de constater que la reine avait renoncé à "son engouement pour les livres." De fait presque tout était revenu à la normale.

 

La reine effectua une visite à Norwich. Alors qu'elle était assise "entre le recteur et le professeur en charge des ateliers d'écriture", la reine retrouva Norman qui servait le repas, ce qui peina quelque peu la souveraine.

Elle apprit cependant que Norman venait "d'obtenir son diplôme."

 

Durant le repas, Norma évita de croiser le regard de la reine, attitude que la souveraine ne parvenait pas à analyser.

La reine questionna le professeur au sujet de l'écriture mais n'obtint pas de réponse. Elle comprit alors que "l'écriture, comme la lecture, était un art qu'elle allait devoir apprendre seule." C'est pourquoi, Norman fut convoqué après le repas.

 

La reine s'entretint une demi-heure avec lui. Norman expliqua ce qui l'avait conduit à East Anglia.

La souveraine songea que Norman pourrait l'aider puisqu'il savait écrire. Elle congédia aussi sir Kevin car "Sa Majesté n'aimait guère que l'on fasse des choses dans son dos. Et même si le vrai coupable était le conseiller particulier du Premier ministre, ce fut sir Kevin qui porta le chapeau." Ce dernier retourna en Nouvelle Zélande.

 

Les quatre-vingts ans de la reine furent célébrés. À cette occasion, la reine convia "tous ceux qui avaient eu le privilège de la conseiller au fil des décennies" à un thé. L'assemblée fut nombreuse et tout se déroula bien. La reine s'adressa à ses invités. Son discours avait pour finalité d'annoncer qu'après avoir lu, il lui fallait passer à l'écriture, mais pas n'importe quelle écriture… : analyse et réflexion seraient la base de l'écriture.

 

Le champagne fut servi. Parmi ceux qui le servaient, se trouvait Norman, ce qui ôta l'envie de boire au Premier ministre !

Un coup de téléphone donné à l'attorney général rassura le Premier ministre.

 

La reine poursuivit son propos. Le livre qu'elle envisageait d'écrire devait aussi "parler des livres." Le Premier ministre objecta toutefois qu'aucun monarque n'avait publié de livre. La reine répondit que quelques-uns de ses ancêtres avaient écrit des livres notamment son oncle le duc de Windsor. Le Premier ministre rétorqua que l'oncle de la reine "avait composé cet ouvrage après être redevenu duc de Windsor. Jamais il n'aurait pu l'écrire s'il n'avait pas abdiqué." Ce à quoi la reine répondit "Mais pourquoi croyez-vous que nous sommes tous réunis ce soir ?"

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