François Ier s’éteint le 31 mars 1547. Durant son règne, la population continue d’augmenter et rattrape le niveau qui était le sien au milieu du XIVe siècle. Le pouvoir royal se modifie progressivement. Cependant la centralisation administrative royale est encore à construire. Les distances-temps sont importantes, Paris est alors à vingt jours de Marseille. Cette réalité implique que toute décision urgente doit être prise dans l’instant puis approuvée par le Roi après coup.
Villes et campagnes parviennent à s’enrichir. La population est inégalement répartie sur tout le territoire : deux millions d’habitants pour les villes et seize pour les campagnes, ce qui fait du royaume de France le pays le plus peuplé d’Europe au milieu du XVIe siècle.
Henri II succède à son père, François Ier. L’influence de l’Italie est alors à son apogée. C’est le temps de l’imitation des modèles antiques et italiens.
Sous le règne d’Henri II (1547-1559)
Contexte historique
La chute de Constantinople, en 1453, a eu des conséquences importantes en Europe. Les exilés grecs ont apporté avec eux le savoir. C’est le translatio studii.
Les cours européennes affichent la volonté de rompre avec les mœurs plus rudes du Moyen Âge. Ce désir surgit dès le début du XVIe siècle. Peu à peu, la société féodale médiévale s’efface au profit d’une société aristocratique et monarchique. D’ailleurs, la cour de François Ier compte jusqu’à plusieurs milliers de personnes. L’influence des cours italiennes est indéniable en France.
Les campagnes d’Italie eurent de nombreuses répercussions au royaume de France. La sympathie de François Ier pour l’humanisme a facilité son arrivée non seulement à Paris, mais aussi dans de nombreuses villes de France.
La fin du règne de François Ier est marquée par l’affaiblissement du pouvoir royal. Le roi ne parvient pas à prendre position dans les luttes entre les factions. L’avènement d’Henri II n’arrange d’ailleurs rien. Ce dernier ne parviendra pas à mettre fin au conflit qui opposera les Montmorencys et les Guises.
Pourtant c’est sous le règne d’Henri II que la toute-puissance du roi nourrit les premiers débats. Si certains estiment qu’un pouvoir royal fort est indispensable, d’autres voudraient qu’il existât un consentement commun qui serait alors attribué soit aux Parlement, soit aux Etats généraux.
Cependant le règne d’Henri II représente aussi le temps de la Renaissance. Le royaume de France, après sa mort, connaîtra le temps des guerres civiles.
Contexte économique
À la fin du Moyen Âge, les nobles sont pour la plupart des illettrés. Ils n’ont pour eux que la naissance et les faits d’armes. Mais l’invention de l’artillerie rend la prouesse individuelle vaine. En plus, au début du XVIe siècle, les nobles fortement endettés, à cause des nombreuses guerres, se rapprochent de la cour où ils espèrent pouvoir obtenir pensions et bénéfices venant du Roi.
L’outre-mer permet toutefois des échanges commerciaux lors de la première moitié du XVIe siècle. Marseille est alors en plein essor. Mais la France n’a pas la même expansion coloniale que les autres pays d’Europe, ce qui est d’ailleurs un handicap pour son économie. La colonie, créée par Jacques Cartier en 1534 sur l’embouchure du Saint-Laurent (province du Québec au Canada), se heurte aux Indiens et aux rigueurs du climat. La colonie française, établie par Nicolas Durand de Villegagnon au Brésil en 1555, deviendra portugaise !
L’activité manufacturière et marchande se développe. Textile, métallurgie, fabrique de papier sont vendus.
Cependant l’inflation touche l’Europe. La découverte de métaux précieux en Amérique du Sud en est, en partie, la cause. Elle provoque une dévaluation. Le coût de la vie est alors multiplié par six. La nécessité d’obtenir des bénéfices ecclésiastiques ou d’acheter des offices est indéniable. Mais pour ce dernier, il faut un grade universitaire.
Quelques familles fortunées éprouvent un véritable engouement pour les universités et les études juridiques. Plusieurs poètes –Joachim Du Bellay, Jean La Péruse et Pierre de Ronsard- feront des études juridiques avant de pouvoir se tourner vers l’écriture.
Contexte culturel
À la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, l’humanisme touche petit à petit l’aristocratie.
C’est dans les villes que les connaissances sont enseignées. L’enseignement connaît alors un profond renouvellement. Au début du XVIe siècle, se met en place le modus parisiensis (i.e. style parisien) dans les collèges. Les élèves sont alors répartis en groupes de niveaux ou classes. En plus, un emploi du temps précis est défini.
Grâce aux humanistes, la rhétorique remplace la logique qui était jusqu’à présent l’élément essentiel de l’éducation scolastique. C’est pourquoi, de nombreuses villes tentent de fonder leur propre collège, mais de l’argent est nécessaire pour cela. En effet, le système des classes augmente le nombre de régents qu’il faut rémunérer et les locaux doivent être plus grands. Le financement des ces établissements se fait par les dons d’un fondateur et les souscriptions des parents qui sont conquis par ce nouveau mode d’enseignement. Cependant, ces collèges sont rapidement l’objet d’enjeux dans les luttes religieuses, la monarchie et l’Eglise les contrôlant de plus près.
Les villes, dans lesquelles sont installées des universités, acquièrent vite la renommée. Aix, Angers, Bordeaux, Bourges, Caen, Cahors, Montpellier, Nantes, Orléans, Paris, Poitiers, Reims (université fondée en 1548), Toulouse et Valence.
Les imprimeries, qui se trouvent dans les villes, leur offrent un rayonnement culturel. Elles sont, à cette époque, plus nombreuses dans la moitié nord de la France.
Les poètes, appelés Grands Rhétoriqueurs (terme donné au XIXe siècle seulement), de la fin du XVe siècle sont des roturiers pour la plupart. Sans pension ou rente, le poète ne peut vivre. Clément Marot fut, entre autres, valet de chambre du Roi. Le poète devait donc monnayer par des flatteries son talent. Même si l’auteur dispose d’un peu de prestige, il ne suffit pas pour obtenir quoi que ce soit.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE