SCHNECK, Colombe, Dix-sept ans, Grasset, 2015
C’est un texte très court –moins de cent pages- qui se lit d’une traite sur un sujet délicat, douloureux et peu abordé : l’avortement. C’est aussi un hommage à Annie Ernaux qui a connu cette « immense solitude [qui] entoure les femmes qui avortent » à une époque où la loi Veil n’existait pas encore.
Nous sommes dans les années 1980, en 1984 plus précisément. Cela semble bien loin. Mais il aura fallu tout ce temps à la narratrice pour oser raconter ce qui lui est arrivé à quelques mois du baccalauréat.
Colombe Schneck vit dans les beaux quartiers de Paris. Elle est une lycéenne de dix-sept ans. Ses parents ont un esprit ouvert et lui accorde une certaine liberté dont elle use sans en abuser. Elle a un amant, un camarade de lycée, dont elle n’est pas amoureuse.
Dans sa famille, on aborde différents sujets sans tabou. Quand elle demande à voir un gynécologue, on lui donne une adresse sans poser de question. Elle se rend seule au rendez-vous. Elle écoute bien peu ce médecin qui lui explique qu’elle peut tomber enceinte assez facilement. Il lui faut prendre la pilule correctement.
Et puis un jour, des larmes… Et puis la découverte peu de temps avant les épreuves du baccalauréat qu’elle est enceinte. Elle en parle à son amant, à ses parents. Personne ne la juge, personne ne lui fait de reproche.
Un rendez-vous est pris pour l’I.V.G.
Mais il y a l’après… Les mots du père : « […] avorter ce n’est pas une faute mais, comme tout accident c’est quelque chose à soustraire dans nos vies, quelque chose qui ne nous fait pas du bien. », le temps qui passe sans qu’on oublie, la peur des règles qui pourraient ne pas arriver alors que l’on ne se sent pas prête pour une maternité…
Un jour pourtant, elle est prête à avoir un enfant. Pourtant celui qui n’est pas né, est toujours présent dans sa mémoire. Il n’a pas de prénom, pas d’identité, cet enfant, qui n’est pas venu au monde. Il a juste un âge : trente ans… C’est aussi une tristesse provoquée par cette absence mais qui a aussi permis à Colombe Schneck « d’être la femme libre qu’[elle est] aujourd’hui. »
C’est un récit sensible, plein d’émotion et finalement d’une certaine mélancolie. L’insouciance ne dure pas, l’âge adulte arrive plus vite qu’on ne le souhaite…