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Né vers 1160 dans l'Oise de parents d'origine flamande, Hélinand fit des études à Beauvais.
Ensuite, Hélinand fut un trouvère célèbre et fort apprécié, notamment à la cour du roi Philippe-Auguste.
Alors qu'il connaissait le succès, Hélinand décida, en 1182, de quitter le monde afin de se retirer dans un couvent. Il composa en français, vers 1197, les Vers de la Mort.
Hélinand rédigea aussi quelques textes en latin : une chronologie, des sermons et des lettres.
Jusqu'à sa mort –après 1214-, Hélinand vécut comme un simple moine dans l'abbaye cistercienne de Froidmont non loin de Beauvais.
Tandis que la poésie lyrique des trouvères et des troubadours était systématiquement chantée, Hélinand choisit de faire reposer sa poésie sur la parole. Hélinand invente la strophe de douze vers octosyllabiques –abondamment imitée par la suite- rimant en aab/aab/bba/bba.
Les Vers de la Mort furent copiés, plusieurs fois imités et même réédités au XVI e siècle. Ils connurent tout au long du Moyen Âge un succès ininterrompu.
Mors, tu abaz a un seul tor
Aussi le roi dedenz sa tor
Com le povre dedenz son toit :
Tu erres ades sanz sejor
Por chascun semondre a son jor
De paier Dieu trestot son droit.
Morz, tu tiens tant l'ame en destroit
Qu'ele ait paié quanqu'ele doit,
Sanz nul restor et sanz retor.
Por c'est fous qui sor s'ame acroit,
Qu'ele n'a gage qu'ele ploit,
Puis qu'ele vient nue a l'estor.
Ô Mort, tu abats d'un seul coup
Aussi bien le roi dans sa tour
Que le pauvre dessous son toit :
Tu voyages toujours sans arrêt
Pour sommer chacun à son jour
De payer à Dieu tout son droit.
Mort, tu tiens l'âme en contrainte jusqu'à tant
Qu'elle ait payé tout ce qu'elle doit
Sans nul remède et sans retour.
Aussi est bien fou qui se fie à son âme,
Car elle n'a gage qu'elle puisse offrir,
Puisqu'elle vient nue à la bataille.